Dossier n°10034 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jean Kroutz

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 18/10/1900
Date de décès : 22/08/1989
Profession : Charretier

Eugénie Odette Kroutz Moiret

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 19/07/1894
Date de décès : 19/09/1976
Profession : Mercière
    Localisation Ville : Pontault-Combault (77340)
    Département : Seine-et-Marne
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    Les sauveurs et les sauvés

    Eugénie et Jean Kroutz résidaient à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Elle était mercière et tenait un stand au marché et lui, originaire de Russie, était agriculteur et charretier. Le couple n’avait pas d’enfants. En juillet 1942, ils accueillirent sous leur toit deux garçons juifs, Henri Goldingas, 9 ans, et son frère, Élie, 4 ans. Les Goldingas, originaires de Lituanie, géraient une fabrique de tricot à Paris. Le père fut arrêté le 24 août 1941, sous les yeux de sa femme et de ses fils, qui l’avaient accompagné au commissariat de police du X-ième arrondissement pour une vérification de papiers. Interné à Drancy, il fut déporté à Auschwitz et assassiné en juillet 1942. Restée seule avec ses deux enfants, leur mère contacta l’OSE qui les orienta vers le couple Kroutz. En juillet 1942, Henri et Élie, rebaptisé Pierrot, intégrèrent leur nouveau foyer. Le couple que les garçons appelaient Papa et Maman les considéra comme ses propres enfants. Ils furent scolarisés, accompagnaient Eugénie au marché et allaient jouer dans les fermes où « Papa Jean » travaillait. Par mesure de sécurité, ils furent baptisés en 1944. La maison des Kroutz, isolée et entourée de bois et de champs, se trouvait à deux km de la Kommandantur. Quatre fois par jour, les enfants passaient devant les gardes allemands pour aller à l’école dont une partie était aussi occupée par un détachement de la Wehrmacht. Malgré les périls encourus par le couple du fait de la présence allemande à l’égard de laquelle il éprouvait d’ailleurs une grande hostilité, il cacha les deux garçons jusqu’à la Libération, avec la complicité du directeur de l’école, M. Drablier, et des instituteurs. D’autres enfants juifs étaient cachés dans le village. Aucun d’eux ne fut inquiété alors qu’il y eut de nombreuses arrestations à Ozoir-la-Ferrièr, un village voisin. Mme Goldingas, cachée à Paris, vint rechercher ses fils à la Libération. Ils gardèrent des liens solides avec leurs sauveurs, leur manifestant leur grande reconnaissance.

    Le 28 mai 2003, Yad Vashem – Institut Internationale pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Eugénie et Jean Kroutz, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    La famille Goldingas, originaire de Lithuanie, vivait avant la guerre à Paris dans le 11ème, où elle exploitait, rue du grand Prieuré, un atelier de tricot.

    Le père, Mausas Goldingas, venu en France en 1927, était en Lithuanie professeur d’anglais.

    La mère, Reveka Goldingas, dont les parents étaient libraires à Mariempol, immigra en France dans les années 30. Ils se marièrent en 1933 et eurent deux fils, Henri et Elie.

    Le 24 août 1941, eut lieu  » la rafle du 11ème  » : les hommes, convoqués au commissariat, soit-disant pour signer le registre des Juifs étrangers, étaient arrêtés, puis internés à Drancy, avant d’être déportés. Ce fut le sort de Mausas Goldingas, qui mourut au Auschwitz le 28 juillet 1942.  Madame Goldingas se retrouvait seule avec ses deux enfants, Henri 8 ans, et Elie 3 ans.

    En juillet 1942, alors que les femmes et les enfants étaient arrêtés à leur tour, Madame Goldingas, par l’intermédiaire de l’O.S.E, se rendit avec ses garçons à Pontault-Combault. Là, à partir de la librairie de la Place de la Gare, ils furent orientés vers ceux qui devenaient ainsi leur nouvelle famille, Odette et Jean Kroutz.

    Odette Kroutz, originaire du Nord, était mercière et faisait les marchés des alentours. Jean Kroutz, venu de Russie, était charretier dans une grande ferme de Pontault-Combault. Devenus  » Maman Odette  » et  » Papa Jean « , ils prirent totalement en charge ces deux enfants, dont la maman restait cachée à Paris, dans des familles françaises tout en prenant le risque de visiter ses petits quand elle le pouvait.

    Leur prodiguant amour et protection, au risque de leur propre vie, assurant leur scolarité, malgré la proximité de la Kommandantur, où des soldats allemands jouaient volontiers avec ces charmants enfants, les Kroutz les gardèrent durant deux ans, jusqu’à la Libération de Paris en août 1944. Ils furent soutenus par la complicité de la population, par le Curé de Pontault-Combault, l’Abbé Botz, ainsi que par le Directeur de l’École, Monsieur Rablier et les instituteurs.

    Il s’avéra par la suite que d’autres familles exemplaires de Pontault-Combault avaient sauvé des enfants Juifs.

    Après la guerre, les deux familles ont gardé des liens de grande amitié, se rendant visite pour les vacances et se rencontrant fréquemment. Ceci, jusqu’au décès des deux bienfaiteurs. Odette Kroutz en septembre 1976. Jean Kroutz en août 1989.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie



    Mis à jour il y a 12 mois.