Dossier n°10445 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marguerite Pasquine

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 19/05/1900
Date de décès : 10/01/1992
Profession : Religieuse au couvent du Christ-Roi
    Localisation Ville : Ablon-sur-Seine (94480)
    Département : Val-de-Marne
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    Marguerite Pasquine (Sœur Marie) était la supérieure du couvent des Sœurs Servantes du Christ Roi à Ablon-sur-Seine (Val de Marne). Cet établissement d’enseignement catholique privé donnait des cours d’études secondaires et supérieures, en vue de former de futures nonnes. En juillet 1942, Sœur Marie recueillit dans son établissement une petite fille juive de 2 ans, Sylvie Heftman, dont le père, la mère et la sœur Annette, 20 ans, avaient été arrêtés par la police française. Son frère Henri, 15 ans, travaillait à l’UGIF à la confection de colis destinés aux internés de Drancy d’abord comme bénévole et ensuite comme coursier. A ce titre, il bénéficiait d’un laissez-passer qui lui permettait de circuler. Ce fut lui qui put ainsi mettre sa petite sœur Sylvie à l’abri dans l’établissement d’Ablon. Il y fit le trajet accompagné d’un ami qui se souvient des contrôles de police fréquents. Henri réussit par la suite à faire libérer sa mère après un mois de détention à Drancy ainsi que son père et sa sœur Annette un an plus tard. Sylvie séjourna au couvent sous la protection de Sœur Marie et à titre gracieux, de l’été 1942 à juin 1943. Elle contracta alors une diphtérie difficile à soigner, car clandestine au couvent, elle était privée de couverture médicale. Les religieuses demandèrent à sa famille de venir la rechercher. Une fois soignée, elle fut confiée à une famille nourricière. Henri n’oubliera pas le geste hospitalier de Sœur Marie pour la petite Sylvie dans son établissement.

    Le 27 décembre 2004, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Marguerite Pasquine (Sœur Marie) le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Pendant l’occupation allemande, la famille Heftman vivait à Paris, au 18, bd du Temple. En août 1941, le Père, Icek, est arrêté et interné à Drancy, où il restera un an. Son fils Henri, alors âgé de 14 ans, parvient à se faire embaucher en 1942 comme coursier à l’UGIF (Union des Israélites de France), ce qui lui vaut de disposer d’un  » AUSWEIS  » lui procurant une relative protection, ainsi qu’à sa famille, si bien qu’il parviendra plus tard à faire libérer son père de Drancy.

    Entre-temps, Madame Heftman doit se cacher avec sa petite Sylvie,
    âgée de deux ans. Chose impossible avec une jeune enfant.
    Un heureux hasard lui permet d’entrer en relation avec la congrégation des  » Sœurs du Christ-Roi  » à Ablon sur Seine. La Sœur Marguerite-Marie Pasquine, mère supérieure, accepte sans hésiter de recueillir cette petite fille en danger, prenant de grands risques pour elle-même et sa communauté.

    Après un voyage périlleux, et la peur des contrôles, accompagnée de son frère Henri, 15 ans, d’un cousin de la famille, Monsieur Zylbering, et d’une dame française, Madame Léone Koudy (nommée Juste en 1991), Sylvie est confiée aux bons soins de Sœur Marie-Dominique du Chapelet. Sœur Marie-Dominique s’occupe alors avec dévouement de 3 petites filles. Elle leur prodigue affection et soins maternels, si bien qu’elles l’appellent  » Maman Dominique « .
    Malheureusement, à la fin du printemps 1943, la petite Sylvie est atteinte de diphtérie. Il n’est pas question de déclarer sa maladie à la mairie. Aussi, c’est le médecin de la communauté qui soigne l’enfant clandestinement, avant de la remettre à sa famille, qui la confiera à d’autres personnes.

    Documents annexes

    Article de presse - Actualité Juive du 12/01/2006Article de presse – Actualité Juive du 12/01/2006