Dossier n°10449 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2004

Ida Barret Petit

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 19/03/1920
Date de décès : //
Profession : Employée de bureau
    Localisation Ville : Paris (75004)
    Département : Paris
    Région : Île-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Ida Petit (devenue plus tard épouse Barret), jeune employée de 24 ans au moment des faits, était originaire de Bordeaux. Sous l’Occupation, elle travaillait à Paris, où elle avait repris contact avec son ancien professeur de lettres et de philo, Nelly Pecker, avec laquelle elle s’était liée d’amitié durant sa scolarité au lycée de Bordeaux. Celle-ci et son mari, radiés de leur profession par la législation anti-juive de Vichy, étaient venus vivre avec leur fils chez la mère de Nelly, Anna Hermann, 80 ans, à son domicile parisien. Anna Hermann était fille d’un rabbin de Reims, d’origine alsacienne. Ida, logée à proximité des Hermann-Pecker dans le quartier juif de Paris, leur rendait régulièrement visite. En mai 1944, Nelly et son mari furent arrêtés, lui dans le métro et elle chez sa mère. Ils furent déportés à Auschwitz et mis à mort. Au moment de l’arrestation de sa fille, Anna Hermann était absente de son domicile et échappa à la déportation. Avertie du drame par la concierge, elle partit se réfugier dans un foyer juif où elle séjourna quelques jours. Quand Ida apprit la situation, elle proposa d’héberger Anna Hermann chez elle et l’abrita jusqu’à la Libération à titre gracieux. Son acte était d’autant plus méritoire qu’en plus des dangers encourus, Ida avait peu de moyens et vivait dans des conditions très modestes et qu’Anna Hermann était d’un âge très avancé et de santé précaire. Le fils de Nelly, Jean-Claude, 21 ans, travaillait sous une fausse identité dans une usine de banlieue et échappa aussi à l’arrestation. Témoin du sauvetage de sa grand’mère, il garda des liens solides avec celle qui lui avait sauvé la vie.     

    Le 27 décembre 2004, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Ida Barret le titre de Juste parmi les Nations.

     

    Le témoignage

    M. Jean-Claude Pecker, Professeur Honoraire au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences, est né chez ses grands-parents maternels, à Reims, dont Joseph Hermann, son grand-père, était le rabbin. Après sa naissance, ses parents, Victor et Nelly Pecker, née Hermann, s’installent à Bordeaux, avec sa grand-mère, où ils vivent tranquilles jusqu’en 1941. Nelly est professeur de lettres et de philo au lycée de jeunes filles, où elle est adorée de ses élèves. Victor dirige une filiale de Thomson. Bientôt, les lois anti-juives les empêchent d’exercer des  » professions en rapport avec le public « .
    En été 41, la famille s’installe à Paris, rue Poussin. Les parents trouvent des travaux précaires grâce à des aides précieuses (Ecole Universelle privée pour Nelly, travail discret à la Thomson pour Victor). Malgré une situation menaçante, la famille rencontre le dimanche des amis proches, dont Ida Petit, une ancienne élève de Nelly, qui lui est restée très attachée.
    En été 42, Jean-Claude Pecker réussit le concours de Normale Sup mais sa qualité de Juif lui en interdit l’entrée. Il est finalement obligé, dès 43, de vivre dans la clandestinité. En mai 1944 c’est le drame Le père de Jean-Claude, Victor Pecker, qui porte l’étoile jaune, est arrêté dans le métro au cours d’une rafle. La Gestapo se précipite chez lui pour arrêter son épouse Nelly. Ils seront déportés sans retour. La grand-mère, Anna Hermann, miraculeusement absente, revient pour découvrir l’appartement sous scellés et ses enfants arrêtés. Désemparée, elle se réfugie provisoirement dans un foyer juif, rue Erlanger, mais cet abri est précaire et il faut trouver une autre solution.
    C’est alors qu’Ida Petit, l’ancienne élève de Nelly, informée par la concierge, retrouve Mme Hermann et accueille dans son petit logement du 3è arrondissement cette dame malade et âgée de 80 ans. Elle la protège, subvient à ses besoins jusqu’après la libération, avec un total dévouement et sans la moindre aide matérielle. Connaissant le terrible danger pour elle-même et sa protégée, elle cache sa présence aux voisins. Le péril pour Ida Petit était immense en 1944 car les nazis étaient aux abois et d’autant plus féroces, mais elle était décidée à sauver la mère de son professeur tant admiré et elle y est parvenue.
    Après la guerre, Jean-Claude Pecker a revu Ida Petit et a été témoin à son mariage avec Jean Barret en 1945. Puis la vie les a éloignés. Mais il n’a pas oublié l’aide qu’elle a apportée à sa grand-mère et l’attachement qu’elle avait manifesté pour sa mère Nelly Pecker dont une aile du lycée de Bordeaux porte le nom.

    Documents annexes

    Article de presse - Journal du Dimanche du 19/02/2006Article de presse – Journal du Dimanche du 19/02/2006
    17 avril 2017 07:32:16
    Article de presse - Actualité Juive du 02/03/2006Article de presse – Actualité Juive du 02/03/2006
    17 avril 2017 07:31:10
    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    17 avril 2017 07:30:20

    Articles annexes

    Aucun autre article