Dossier n°10489 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Aristide Gasnier

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 27/09/1872
Date de décès : 08/07/1959
Profession : Négociant en épicerie, maire de la commune de Vibraye
    Localisation Ville : Vibraye (72320)
    Département : Sarthe
    Région : Pays-de-la-Loire

    L'histoire

    Aristide Gasnier, 70 ans en 1942, tenait l’épicerie située sur la place centrale de Vibraye (Sarthe). Il était aussi maire de la commune, fonction qu’il tint pendant 22 ans, son dernier mandat se terminant en 1947. La veille de la grande rafle du Vel d’Hiv à Paris, la famille Zilberbaum apprit, grâce à l’indiscrétion d’un camarade de jeux dont le père était policier, l’imminence des arrestations. Ils s’enfuirent immédiatement de leur domicile. En route vers la zone sud, ils rencontrèrent une personne qui leur conseilla de mettre leur fille Renée, 8 ans, en nourrice à Vibraye. Ce qu’ils firent et en octobre 1942, ils vinrent la rejoindre. La cousine de Renée, Colette, 7 ans, et ses parents, les Lichtenbaum, furent aussi la cible des arrestations de juillet 1942, mais « les policiers français venus nous chercher, nous donnèrent la chance de nous sauver ». Le couple resta caché dans une chambre de bonne pendant un an, ravitaillé par la concierge de leur immeuble. Colette fut alors recueillie par la famille de cette même concierge, les Parée-Lebon, qui vivaient dans l’Oise. En mai 1943, les Lichtenbaum quittèrent leur cache et vinrent rejoindre leurs proches à Vibraye pour ensuite y faire venir Colette. Aristide Gasnier protégea ces deux familles juives ainsi que d’autres, 25 personnes au total, en leur fournissant des identités d’emprunt. Il leur reconnut le statut de réfugiés et ainsi put leur fournir des titres d’alimentation. Il trouva à certains des emplois dans des fermes et cacha dans sa propre maison Mme Spiegelman à l’insu de tous. Il reçut quelques lettres de dénonciations qui prirent la direction de la poubelle. Son courage et sa générosité servirent d’exemple à toute son équipe municipale. Les habitants savaient que les réfugiés étaient juifs mais n’en ont pas fait état, mis à part l’auteur des lettres de dénonciation.

    Le 30 janvier 2005, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Aristide Gasnier le titre de Juste parmi les Nations. 

    Le témoignage

    Témoignage de Mme Renée Zelany :

     » J’allais avoir 6 ans quand, grâce à l’indiscrétion d’un camarade, fils de policier, mes parents, mon frère et moi pouvont nous enfuir de notre domicile parisien, la nuit de la rafle du 16 juillet 1942.

    Beaucoup de tentatives et d’errances pour gagner la zone libre et revenir en région parisienne dans un hôtel à Montreuil-sous-Bois. Là, mes parents font connaissance d’une femme faisant du marché noir, rapportant de la nourriture de la Sartheà Paris. Elle m’emmene chez une nourrice à Vibraye, près du Mans. Puis en octobre 1942, ma famille vient m’y rejoindre.

    Jusqu’à la Libération nous habitons un hameau, le Gué de Launay, près de Vibraye. Le maire de la commune, M. Aristide Gasnier, connaît nos origines, il nous a protège durant toute cette période, délivrant allocations et cartes d’alimentation, modifiant légèrement notre patronyme de Zilberbaum en Vilberbaun.

    M. Gasnier a reçu sept dénonciations qu’il a toutes déchirées, ne les faisant ainsi pas parvenir à la préfecture. Par son aide active et celle de son conseil municipal, il a risqué sa vie pour sauver également une autre partie de ma famille et 25 personnes juives réfugiées dans sa commune.

    Il m’a fallu une longue thérapie et c’est bien des années plus tard que j’ai souhaité rendre hommage à cet homme courageux, digne, que je n’oublierai jamais.  »

    Article de presse - Le Maine LIbre du 29/06/2006Article de presse – Le Maine LIbre du 29/06/2006
    Article de presseArticle de presse
    Invitation cérémonie GasnierInvitation cérémonie Gasnier
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