Dossier n°10622 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

André Lebas

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 27/10/1901
Date de décès : 02/06/1970
Profession : Préparateur en pharmacie

Mathilde Lebas Donet

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 26/03/1900
Date de décès : 06/12/1994
Profession : Conseillère municipale, mère au foyer
    Localisation Ville : Fresnay-sur-Sarthe (72130)
    Département : Sarthe
    Région : Pays-de-la-Loire

    L'histoire

    Mathilde et André Lebas avec leurs dix enfants, neuf filles et un garçon, résidaient à Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe). Il était préparateur en pharmacie, mais de fait il remplaçait le pharmacien de Fresnay. Sous l’Occupation, Mathilde était conseillère municipale. Au début des hostilités, elle et ses enfants étaient partis sur les routes de l’exode, expérience qu’elle revivait pour la seconde fois. Originaire de Longwy (Moselle), elle avait déjà fui devant l’invasion allemande en 1914. Sa maison avait été rasée et ses deux frères grièvement blessés au combat. En 1940, elle s’était repliée à Pleumartin avec ses enfants et installée chez une dame qui lui dit : « je n’ai qu’une seule chambre de libre. L’autre est occupée par des Juifs ». Ainsi fit-elle connaissance des Jacob. Les deux familles sympathisèrent et restèrent en contact après leur retour au foyer. Les Jacob habitaient à Champagne-sur-Oise et Paul, le père, était boucher. En 1943, le maire de Champagne, M. Baylac, leur conseilla de fuir parce qu’informé de leur arrestation imminente. Il leur fournit des faux papiers d’identité et des titres d’alimentation au nom de Jabert. Ils écrivirent alors à Mathilde lui demandant s’ils pouvaient venir se réfugier chez elle. Le couple accepta malgré ses conditions de logement modestes. Les Lebas logeaient à douze dans trois chambres et les toilettes étaient à l’extérieur. Ils hébergèrent pourtant le couple Jacob et leur plus jeune fils, Bernard, 8 ans, jusqu’à la Libération. Ils l’inscrivirent à l’école catholique de Fresnay, avec leur propre fils. André qui avait de nombreux contacts parmi les agriculteurs, plaça les deux autres fils Jacob comme ouvriers agricoles: Michel, 19 ans, chez la famille Agen et Maurice, 16 ans, chez la famille Pehan. Mathilde renouvela tous leurs papiers d’identité et titres d’alimentation. Les Lebas couvrirent de leur protection la famille Jacob jusqu’à la fin des hostilités. D’autres habitants de Fresnay abritaient des Juifs mais personne n’en parlait.

    Le 20 juin 2005, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Mathilde et André Lebas le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    En 1940, lors de l’exode, les familles Jacob et Lebas se rencontrent dans un village de la Vienne. Une amitié se noue entre les deux couples. Puis vient le temps du retour, les familles s’échangent leurs adresses et c’est le début d’une correspondance régulière jusqu’en 1942. Cette année là, M. Jacob est arrêté et interné à Drancy, d’où il réussit à sortir grâce à la complaisance de deux officiers allemands à qui il avait sauvé la vie.
    André Lebas, toujours en contact avec la famille Jacob, propose sans se soucier du danger de les accueillir chez lui à Fresnay-sur-Sarthe. Les Jacob changent leur nom en Jabert grâce au maire qui leur fournit de faux papiers. M. Lebas est pharmacien à Fresnay-sur-Sarthe et connaît beaucoup de monde. Il entre en contact avec trois agriculteurs qui acceptent d’embaucher le père et les deux fils aînés. Mme Jacob est restée auprès de Mathilde Lebas pour l’aider. Le plus jeune fils est scolarisé à l’école Saint- Joseph.
    Mathilde Lebas obtient, grâce à sa présence au conseil municipal, des cartes d’alimentation supplémentaires pour nourrir ses protégés. A la Libération, la famille Jacob a quitté ses protecteurs avec beaucoup d’émotion.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie

    Articles annexes