Dossier n°10878 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2006

Louis Milelli

Année de nomination : 2006
Date de naissance : 29/04/1891
Date de décès : //
Profession : Capitaine d’infanterie, Militaire
    Localisation Ville : Lyon (69000)
    Département : Rhône
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Capitaine Louis Milelli

    Le capitaine Louis Milelli est né à Vezzani (Corse) en 1888 et habite à Lyon au 1er étage du 9, place des Célestins. 

    Depuis le 11 novembre 1942, date à laquelle les Alliés anglo-américains ont débarqué en Afrique du Nord, l’armée allemande occupe tout le territoire français, et la Gestapo, qui l’accompagne, fait la chasse aux Juifs dans ce qui fut la « zone libre » en vue de leur déportation. La France collabore très efficacement à cette chasse par le biais de la Milice, créée par le gouvernement de Vichy le 30 janvier 1943. Les Juifs vivent désormais une angoisse de chaque instant, de jour comme de nuit. Cette menace mortelle revêt diverses formes, les unes plus hideuses que les autres : la perspective permanente d’entendre tout à coup de violents coups de poing assénés par les gestapistes à la porte du logis, les rafles soudaines aux terrasses de café, aux sorties de cinéma ou, simplement, en pleine rue. Le soir, on s’endort la peur au ventre pour se réveiller le lendemain matin, la peur au ventre.

    Fin 1942, Walter et Hilde Lévi et leur fils Jacques, alors âgé de 3 ans, résident au 3ème étage du 9, place des Célestins à Lyon.
     

    Au début de l’année 1943, Walter Levi était parvenu à la conclusion qu’il fallait quitter au plus vite Lyon, où trop de personnes les connaissaient sous leur nom de Lévi, et passer dans la clandestinité sous un faux nom. 
    Ils étaient à la merci de la moindre délation, ce qui se pratiquait couramment à cette époque de pénurie, dans un but notamment lucratif : cela pouvait rapporter des denrées rares à l’époque, telles que du beurre ou du sucre. 

    Walter Lévi put se procurer de fausses cartes d’identité mais il lui manquait encore un faux livret militaire. La « Providence » vint à son secours en la personne de son voisin du 1er étage, Louis Milelli*, un capitaine d’infanterie corse du 99ème R.I. (Régiment d’Infanterie). Ce dernier accepta d’établir, sans contrepartie financière, le faux livret militaire en question, aux termes duquel Walter Lévi était soi-disant affecté à ce même 99ème R.I..
    Louis Milelli* prenait un risque énorme car si, par malheur, les Lévi avaient été capturés avec ces faux papiers, la moindre enquête policière sur l’origine du faux aurait conduit tout droit au capitaine. En effet, l’aide apportée aux Juifs représentait à l’époque un délit grave qui pouvait être puni de déportation, donc de mort. En outre, le capitaine « aggrava » encore son cas en se chargeant de faire authentifier les fausses cartes d’identité des Lévi par le commissariat de police du quartier. C’est donc grâce à lui qu’ils purent quitter Lyon sous leur nouvelle identité vers avril 1943 pour se réfugier dans un village du Sud-Ouest.

    A leur retour à Lyon après la libération de la ville fin 1944, les Lévi apprirent que sur dénonciation du fils de la boulangère du quartier qui était milicien, la Gestapo était venue pour les arrêter un ou deux jours après notre fuite.

    Hilde Lévi, rédigea ses mémoires en allemand, sa langue maternelle, après la fin de la guerre.
    En août 2005, Jacques qui se trouvait près de sa mère à Lyon se décida à traduire ses souvenirs en français à l’attention de ses fils. 
    Parvenu à l’épisode du capitaine corse, Louis Milelli*, il prit alors pour la première fois toute la mesure du risque périlleux que cet homme providentiel avait pris en accomplissant ce que lui avait dicté sa conscience.
    Il éprouva alors le besoin de retrouver la trace de ce héros. Or, 62 ans s’étaient déjà écoulés depuis ces événements tragiques. 
    Hilde Lévi avait orthographié Milelli « Milleli ». Louis Milelli* était, selon toutes probabilités, décédé et Jacques ignorait tout de sa famille. 
    A tout hasard, il consultât l’annuaire téléphonique du Rhône : il n’y figurait aucun abonné sous ce nom. En revanche, en Corse il trouva 26 « Milelli » et un « Milleli » à qui il téléphonât :
    – Bonjour, je vous appelle de Lyon pour retrouver les traces d’un monsieur portant votre nom qui, durant les années de la 2ème Guerre mondiale, servait dans l’Armée de Terre et habitait Lyon.
    – En effet, Louis Milelli, mon grand-père, a effectivement servi au 99ème R.I. stationné dans la région lyonnaise et résidait à Lyon.
    – Savez-vous à quelle adresse exactement ?
    – 9, place des Célestins.
    – Ça alors, voilà qui est prodigieux ! Vit-il encore ?
     répondit Jacques stupéfait.
    – Non, il est décédé il y a déjà plus de 20 ans.
    – Des 27 Milelli que j’ai trouvé dans l’annuaire, êtes-vous le seul dont le patronyme s’orthographie Milleli ?
    – Pas du tout, le nom est bien Milelli comme tous les autres, il s’agit sans doute d’une erreur de la Poste
    .

    Jacques exposât alors la raison de son appel en lui exprimant la joie ressentie d’avoir retrouvé les traces de son grand-père.
    Le jour même de cet entretien, Jacques rapportât à sa mère le résultat de ses recherches et son entretien avec le petit-fils de Louis Milelli. Elle en éprouva une profonde émotion. 
    Ils prirent la décision d’entamer des démarches auprès de Yad Vashem pour que soit décernée, à titre posthume, la médaille des Justes des Nations à Louis Milelli.

    La cérémonie eut lieu le 20 novembre 2007 à Vezzani même, près de Corte, selon la volonté de la famille Milelli, dans le village où avait vécu et est inhumé le capitaine Louis Milelli et où réside l’un de ses petits-fils.

    Le 20 juin 2006, l’Insitut Yad Vashem, Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Louis Milelli le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse - Corse info du 21/11/2007Article de presse – Corse info du 21/11/2007
    10 novembre 2018 11:53:07
    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    10 novembre 2018 11:52:27

    Articles annexes

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