Dossier n°11735 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2010

Andrée Pasquier Roland

Année de nomination : 2010
Date de naissance : 18/07/1920
Date de décès : 23/01/2018
Profession : Nourrice
    Localisation Ville : Montoire-Sur-Loir (41800)
    Département : Loir-et-Cher
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Georgette Pasquier habite à Fontaine-les-Coteaux près de Montoire, dans le Loir-et-Cher. Elle est nourrice.
    Son fils, Pierre Pasquier, dit Pierrot, et sa belle-fille Andrée née Roland, dite Dédée, habitent à Château-Renault en Indre-et-Loire.

    Jacob et Bajla Kupferstein, d’origine Polonaise, arrivent en France dans les années 1920. Ils habitent rue Duris à Paris dans le 20e arrondissement, puis déménagent rue du Faubourg-du-Temple, dans le 10e arrondissement de Paris. 
    Jacob Kupferstein est ouvrier tailleur.
    Ils ont trois enfants : Maurice, né le 6 décembre 1927, Gabriel, le 28 avril 1929 et Hélènele 19 avril 1932.
    Pendant les vacances les trois enfants sont envoyés en nourrice Georgette Pasquier qu’ils appellent « Grand-mère ».

    L’Indre-et-Loir et le Loir-et-Cher sont en zone occupé.

    Abram Psankiewicz, né le 28 décembre 1901, à Varsovie (Pologne) et Chana Gitla Zyto, née le 14 septembre 1900 à Kaluszin (Pologne), se sont connus et mariés à Paris. Voisins et de la famille des Kupferstein, ils habitent au 26 de la rue Duris, dans le 20e arrondissement de Paris.
    Abram est vernisseur de meubles, tandis que Chana s’occupe de ses enfants. 
    En 1932, naît Louise, puis Rachel en 1934.

    Lors de la déclaration de la guerre, Abram Psankiewicz s’engage comme volontaire dans le 21e régiment de marche des volontaires étrangers. 
    Abram Psankiewicz est démobilisé en septembre 1940 et retrouve sa famille.

    Le 14 mai 1941, lors de la « Rafle du billet vert » visant les juifs étrangers, Abram, 40 ans, est interné à Beaune-la-Rolande (Loiret), où ils passera 13 mois avant d’être déporté sans retour le 27 juin 1942, par le convoi n° 5.

    La veille de la Rafle du Vel d’hiv, Chana Psankiewicz envoie ses filles dormir chez leurs grands-parents paternels, 15, rue de Tlemcen, à cent mètres de chez elles.
    Le 16 juillet 1942, lors de la Rafle du Vel d’Hiv, Chana Psankiewicz est arrêtée par les policiers français, tandis que la concierge « signale aux flics » que les deux gamines se trouvent chez leurs grands-parents, rue de Tlemcen. Les deux filles sont arrêtées à leur tour et elles seront toutes trois internées dans le centre de rassemblement la Bellevilloise, rue Boyer, dans le 20e arrondissement de Paris. 
    Chana Psankiewicz donne l’ordre à ses filles de s’enfuir. Louise, 13 ans, et Rachel, 8 ans, réussissent à sortir par une issue de secours. Deux policiers en faction détournent la tête pour « ne pas les voir ». Elles arrivent en larmes chez leurs grands-parents paternels. 
    Chana, 39 ans, est envoyée à Drancy où elle restera 13 jours avant d’être déportée sans retour le 29 juillet 1942 par le convoi n° 12. 

    Après la grande rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942, Jacob et Bajla Kupferstein trouvent refuge dans une une villa à Saint-Cloud louée par leur ami Gaston Gloton.

    La petite Hélène, 10 ans, est alors confiée à Andrée. Son mari, Pierre Pasquier, réfractaire au STO (Service du travail obligatoire), se cache dans une ferme voisine.
    Hélène va à l’école communale de Château-Renault où elle est inscrite sous le nom de « Gloton ». 

    Après la disparition de leurs parents, Rachel Psankiewicz est cachée d’un endroit à l’autre.
    A la rentrée 1942, elle retourne à l’école de la rue Tlemcen dans le 20e arrondissement. A plusieurs reprises, la directrice réunira les 4 ou 5 petites filles juives venues à l’école pour les faire emmener par la femme de service dans les caves de l’établissement.

    Le 11 février 1943, lors de la « rafle des vieillards », la grand-mère, Louise et Rachel sont arrêtées et emmenées au commissariat de police de la place Gambetta dans le 20e arrondissement. Le grand-père handicapé est laissé seul. Il mourra peu de temps après. 
    Louise et Rachel parviennent à ouvrir une trappe et font irruption dans la salle principale du commissariat. Le commissaire et les policiers sont embarrassés par ces enfants et finissent par leur dire de ficher le camp. 
    Leur grand-mère sera relâchée quelques heures plus tard… 

    Louise et Rachel sont alors placées dans un centre de l’UGIF, rue Lamarck, puis Rachel, séparée de sa soeur est envoyée dans des familles catholiques, juives. 

    En mai 1943, Gabriel, 14 ans, est lui aussi envoyé chez Andrée et Pierre Pasquier.
    Pour se faire un peu d’argent de poche il travaille comme cordonnier jusqu’en octobre 1943. 

    Maurice, 16 ans, est envoyé chez Raoul et Marie Montebran qui habitent une ferme à la Cornillère, à Congrier dans la Mayenne. 
    Au bout de quelques temps, il partira rejoindre son frère et sa sœur à Château-Renault.

    En 1944, grâce à sa cousine, Josépha Kupferstein, qui lui procure de faux-papiers, sous le nom de « Rolande Sanier », Rachel Psankiewicz, 9 ans, est emmenée à Château-Renault.Rachel se retrouve chez une nourrice âgée qui la terrorise par des gifles et des menaces de dénonciation !
    Louise Psankiewicz est placée comme bonne à Château-Renault chez Madame Proust, avertit sa patronne qui prévient à son tour Andrée Pasquier*. Celle-ci, apprenant la détresse de Rachel, la retire à son bourreau et la place chez une de ses sœurs et son beau-frère, M. et Mme Saillard, chez qui elle va reprendre goût de la vie aux côtés des deux filles Saillard.

    Jacob et Bajla Kupferstein resteront à Saint-Cloud jusqu’à la Libération en août 1944.
    Bajla ira rechercher ses trois enfants, saufs, à Château-Renault

    MauriceGabriel et Hélène Kupferstein ainsi que leur cousine Rachel Psankiewicz ont eu la vie sauve grâce à Andrée Pasquier.

    Le 1er février 2010, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Madame Andrée Pasquier.


    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    18 février 2019 07:41:08

    Articles annexes