Dossier n°13878 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Henri Pierre

Année de nomination : 2019
Date de naissance : 28/05/1890
Date de décès : 24/10/1946
Profession : Commerçant

Yvonne Pierre Farge

Année de nomination : 2019
Date de naissance : 13/11/1899
Date de décès : 06/03/1979
Profession : Commerçante
    Localisation Ville : Saint-Patrice (37130)
    Département : Indre-et-Loire
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    David et Luba Checinski sont tous les deux originaires de Pologne. David est né à Konsk et à vécu à Varsovie. Luba était de Varsovie. Ils arrivent en France en 1932. Ils se marient. David est tailleur. Denise naît en 1935, puis Fanny en 1938.

    David a un frère Henri qui sort avec une jeune femme non juive, Andrée Mouisset. Andrée habite à Paris, rue de Belleville, en face de leur domicile. Elle a deux sœurs. C’était une famille extraordinaire qui a sauvé la famille Checinski le jour de la rafle du 16 juillet 1942. Au moment de la rafle, les Checinski se trouvent chez les Mouisset. C’est grâce à Andrée Mouisset qui en parle à Monsieur Blanc, un commandant de gendarmerie, que Denise et Fanny sont envoyées à Saint-Patrice en Indre et Loire chez Henri et Yvonne Pierre. Les Pierre n’ont pas d’enfant et Madame Pierre est heureuse de les accueillir.

    Fanny n’a que des bons souvenirs de cette période. Elle a été chouchoutée. Fanny et Denise appellent Yvonne Pierre « Maman Pierre ». Les Pierre tiennent le café-restaurant de Saint-Patrice. Denise et Fanny dorment dans une des chambres de la maison. Ce café est situé en face du château. Le châtelain savait ou avait deviné que les fillettes sont juives. Denise et Fanny jouent avec les enfants du châtelain dans le parc du château. Madame Pierre a dit à Fanny : « si tes parents ne reviennent pas, je vous garderai », ce qui faisait pleurer Fanny. Les fillettes sont scolarisées à l’école de Saint-Patrice.

    Denise et Fanny Checinski sont restées presque trois ans chez les Pierre. Luba s’était fait teindre en blonde pour qu’on ne puisse pas la reconnaître. C’était une femme très brune à l’origine. Elle est venue deux fois à Saint-Patrice voir ses filles. Fanny ne l’a pas reconnue. Puis les parents sont venus à la fin de la guerre rechercher Denise et Fanny.

    David et Luba Checinski étaient cachés à Vincennes dans un petit pavillon. C’est également grâce à Andrée Mouisset qu’ils ont pu s’installer là car elle avait loué ce pavillon à son nom. Luba aidait son mari qui faisait des travaux de tailleur. David ne sortait pas la journée pour ne pas risquer d’être arrêté. Il sortait la nuit pour prendre un peu l’air. C’est Luba qui allait à Paris chercher du travail et le rapporter. Elle prenait des gros risques.

    Après la guerre, les Checinski sont restés en contact avec « Maman Pierre » qui s’était remariée. Fanny a emmené ses deux filles Béatrice et Laurence à Saint-Patrice. Quand Madame Yvonne Pierre est décédée, Fanny était présente lors de l’enterrement.

    Le 19 juin 2019, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Henri Pierre et à son épouse Madame Yvonne Pierre.


    David et Luba CHECINSKI avec leurs 2 filles Denise et Fanny