Dossier n°466 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Pierre Dubuis

Année de nomination : 1968
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Patron d’un complexe Select (cinéma, theâtre,café)
    Localisation Ville : Saint-Gaultier (36800)
    Département : Indre
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

     

    Après sa démobilisation en 1940, Pierre Dubuis rentra à St-Gaultier, dans l’Indre, et prit la direction du complexe Select – cinéma, théâtre et café – qui appartenait à sa famille. Il se lança immédiatement dans la Résistance, dont il prit la tête dans le département. En novembre 1941, des familles juives fuyant Paris arrivèrent à St-Gaultier et dans le village voisin de Thenay. Pierre Dubuis, qui savait le sort réservé aux Juifs en cas d’arrestation, donna asile à plusieurs d’entre eux et trouva des cachettes pour d’autres. Ayant des contacts dans la police, il était souvent informé des rafles prévues et pouvait ainsi prévenir les personnes visées – juives ou autres. Jusqu’à la fin de l’Occupation il continua à secourir des fugitifs. Il leur trouvait de nouvelles cachettes quand il le fallait, leur procurait faux papiers et cartes d’alimentation et se chargeait de la liaison avec diverses organisations clandestines pour assurer leur sécurité. Grâce à lui, des dizaines de Juifs échappèrent à l’arrestation et à la déportation. L’un des réfugiés de St-Gaultier était André Lehowecky. Ce Juif né en Russie était venu vivre à Paris où il était chapelier depuis 1930; il avait obtenu la nationalité française. A son arrivée dans l’Indre, en novembre 1941, avec sa femme et son petit garçon de quatre ans, Pierre Dubuis l’accueillit chaleureusement. En mars 1943, Pierre, qui avait mis des écoutes sur des lignes téléphoniques, apprit qu’une rafle était prévue pour le lendemain soir. Il prévint rapidement tout le monde, et cacha André et un autre juif, Maurice Klubsky, derrière l’écran de la salle de projection du cinéma. Ils y passèrent trois semaines. La fille de Maurice, Annie, âgée de onze ans, fut hébergée chez Pierre Dubuis et y demeura jusqu’à la Libération. Sur les 17 Juifs figurant sur la liste, deux seulement furent pris cette nuit là – tous les autres avaient réussi à trouver un abri grâce à l’avertissement reçu. Cependant, la chasse aux Juifs continuait. Vers la fin avril, les gendarmes ratissèrent une nouvelle fois St-Gaultier et ses environs à la recherche de fugitifs. Dubuis aida Lehowecky et Klubsky à se sauver et à se cacher plusieurs jours durant dans une forêt voisine. Les recherches s’intensifiant, les deux hommes décidèrent de quitter la région. Dubuis les adressa à un commissaire de police en Savoie, lui demandant de les protéger. C’est ainsi qu’André Lehowecky trouva une retraite sûre. La mère de Pierre Dubuis lui rendit visite en Savoie et Pierre lui-même s’assura qu’il était en bonnes mains. Cependant, les activités de Dubuis en faveur des Juifs ne plaisaient pas à tout le monde. Plusieurs personnalités locales lui étaient hostiles; ses adversaires le dénoncèrent et la police se mit à le filer et à le persécuter. Au début de l’année 1944, il fut contraint de vendre son cinéma et de se cacher. Les Allemands, désormais au courant de ses activités, perquisitionnèrent sa maison et interrogèrent sa mère avec une grande brutalité. Après la guerre, Pierre Dubuis se vit décerner de nombreuses citations et décorations. Dans une lettre adressée au consul d’Israël à Paris, il souligna qu’il ne cherchait aucune récompense pour avoir sauvé des Juifs.

    Le 26 avril 1976, Yad Vashem a décerné à Pierre Dubuis le titre de Juste parmi les Nations. 

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