Dossier n°6150 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Varian Fry

Année de nomination : 1994
Date de naissance : 15/10/1907
Date de décès : 13/09/1967
Profession : Journaliste américain
    Localisation Ville : Marseille (13000)
    Département : Bouches-du-Rhône
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    En août 1940, le jeune journaliste new-yorkais, Varian Fry, arrive à Marseille pour le compte de l’organisation américaine Emergency Rescue Committee.

    Il est chargé de faire sortir de France les intellectuels réfugiés à Marseille et ses alentours en leur octroyant des visas pour les Etats-Unis. Or, dans le cadre des accords d’armistice entre la France et l’Allemagne, les autorités de Vichy se sont engagées à remettre aux Allemands tous les réfugiés antis nazis, il est donc urgent d’agir.

    Varian Fry arrive donc à Marseille muni, en tout et pour tout, d’un permis de séjour valable trois mois, d’une liste de deux cents réfugiés répondant aux critères retenus et de la somme de 3 000 dollars. Dès le début de sa mission, la rumeur se répand et bientôt des centaines de personnes se pressent à sa porte. Il s’aperçoit rapidement que la plupart des demandeurs de visas sont des Juifs, dont le sort est inévitablement plus dramatique que celui des autres réfugiés. Toutefois, il ne peut rien pour eux à moins de sortir du cadre de la légalité.

    C’est alors que, pour pouvoir secourir le maximum de personnes, il ouvre un bureau et engage du personnel afin de camoufler les activités d’un autre bureau où, dans l’illégalité la plus complète, on y fabrique de faux passeports et de faux visas et on y organise le passage vers les Pyrénées où des passeurs attendent les réfugiés pour passer en Espagne ou au Portugal et au-delà aussi pour les plus chanceux aux Etats-Unis.

    Ses activités prennent une telle envergure qu’il devient difficile de les cacher, d’autant que la police française commence à s’intéresser à l’émissaire américain et le surveille de près. En janvier 1941, son visa valable 3 mois n’est pas renouvelé et sa présence en France devint illégale. Sans se soucier du danger permanent qui le menace, Varian Fry poursuit son action jusqu’à son expulsion huit mois plus tard, en septembre 1941

    Les autorités de Vichy protestent officiellement auprès du gouvernement américain qui décide donc du rappel de Varian Fry et envoie deux nouveaux émissaires à sa place. Toutefois, le personnel du bureau de Marseille – des Juifs pour la plupart – refusent de coopérer avec les nouveaux venus, et continuent de poursuivre son œuvre de salut. Mais le 2 juin 1942 une opération de police y met un terme définitif.

    Ses services ont traité plus de 1 500 dossiers regroupant 4 000 personnes qui lui doivent la vie. Nombre d’entre elles étaient juives. On relève les noms du peintre Marc Chagall, du sculpteur Jacques Lipschitz et des écrivains tels que Oscar Goldberg, Herta Pauli, Hannah Arendt, Lion Feuchtwanger, Franz Werfel, pour n’en citer que quelques-uns.

    Après son retour forcé aux Etats-Unis, Varian Fry publie des articles condamnant la politique américaine en matière d’immigration et accusant de hauts fonctionnaires du Département d’Etat de sympathie pour les régimes fascistes. Le FBI est alors chargé d’enquêter sur ses activités mais ne trouve rien à reprocher à un homme qui a agi par pur altruisme et pour des raisons humanitaires.

    Le 21 juillet 1994, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Varian Fry le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presseArticle de presse