Dossier n°6220 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marie Aymard Louchart

Année de nomination : 1994
Date de naissance : 24/09/1896
Date de décès : 04/10/1984
Profession : Intendante (pension de famille)

Victor Aymard

Année de nomination : 1994
Date de naissance : 19/07/1898
Date de décès : 16/07/1972
Profession : Coiffeur pour messieurs
    Localisation Ville : Lille (59000)
    Département : Nord
    Région : Hauts-de-France

    L'histoire

    Fille de Juifs polonais émigrés en France au début des années vingt et qui s’y étaient mariés, Josette Treister naquit à Lille le 7 janvier 1940. Ses parents, qui vivaient en France depuis plus de vingt ans quand la guerre éclata, n’avaient jamais obtenu la nationalité française. Julien Treister, le père de Josette, s’engagea dans la Légion. A la naissance de sa fille il était prisonnier de guerre. Le matin du 11 septembre 1942 – veille de Roch Hachana, le nouvel an juif – les Allemands lancèrent une grande rafle à Lille; la plupart des personnes arrêtées étaient des Juifs n’ayant pas la nationalité française. La famille Treister, qui était enregistrée au commissariat en tant que Juifs étrangers, figurait sur la liste des gens à déporter. Lorsque les gendarmes se présentèrent dans leur appartement, Anna Treister et la petite Josette, âgée de deux ans et demi, se trouvaient à la crèche où Anna était employée. Les deux garçons étaient à l’école non loin de là. Une voisine affolée courut avertir Anna Treister de ne pas rentrer chez elle avec les enfants. Avec l’aide de voisins et de personnes qu’elle connaissait, pour la plupart des membres de la congrégation protestante qui dirigeait la crèche, Anna trouva des cachettes pour toute sa famille. Josette fut hébergée par les Aymard, couple sans enfants d’une quarantaine d’années. Victor Aymard avait travaillé dans un salon de coiffure pour messieurs avant la guerre; après sa démobilisation en 1940, il avait ouvert sa propre affaire. Josette s’adapta admirablement au changement. Elle devint « la fille » des Aymard, qui devinrent, eux, ses seconds parents. Ils la présentaient comme leur nièce à leurs voisins. Quelques mois avant la Libération, Julien Treister fut libéré de son camp de prisonniers et rentra Lille. Les Aymard accueillirent Julien et Anna chez eux et les hébergèrent jusqu’à la Libération sans aucune contrepartie financière. Après la guerre, les Aymard continuèrent à traiter Josette comme leur fille. A la mort de Victor Aymard en 1972, Marie vint habiter chez Josette, sa seule « fille », et l’aida à élever ses deux enfants, qui la considéraient comme leur grand-mère.

    Le 2 août 1994, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Victor et Marie Aymard, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Marie et Victor Aymard, garçon coiffeur à Lille, ont hébergé chez eux Josette Treister, âgée de deux ans et demi à son arrivée, du mois de septembre 1942 à 1944, la faisant passer pour leur nièce. Le risque qu’il prenait était d’autant plus grand que l’enfant était encore de nationalité polonaise. Ils la firent admettre à l’école catholique sous leur patronyme. Le Père Léon Demedt, curé de la paroisse, leur proposa même de leur procurer un faux certificat de baptême au besoin. 
    Victor avait aussi trouvé une place à l’orphelinat de Lille pour les deux frères de Josette, Guy et Richard. C’est là que les frères de Marie allaient les chercher tous les dimanches pour déjeuner avec leur petite soeur. Quant à leur maman, elle venait y dormir tous les deux jours. La famille fut finalement réunie au complet au domicile de Victor et Marie deux mois avant la fin des hostilités, quand leur père, rentré de zone libre, y trouva aussi refuge. 
    A la mort de Victor, en 1972, c’est Josette qui, à son tour, reçut chez elle Marie, que ses deux fils appelaient Mamie. Et c’est chez sa petite Josette que Marie poussa son dernier soupir.




    Mis à jour il y a 2 mois.