Dossier n°6671 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Andrée Chéramy Déré

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 06/09/1909
Date de décès : 05/03/1998
Profession : Mécanicienne, Mère d’un enfant

Marie-Louise Déré Guy

Année de nomination : 1995
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Femme de ménage

    L'histoire

    Jusqu’à la grande rafle du Vel d’Hiv et l’arrestation de milliers de Juifs à Paris le 16 juillet 1942, la famille Rydelnick – le père, un tailleur né en Pologne, sa femme française, une fille, née en 1928 et un garçon né en 1934 – vivaient dans le deuxième arrondissement de Paris. Lorsque, au petit matin, les policiers frappèrent à la porte de leur appartement du rez-de-chaussée, ils dormaient tous profondément et n’entendirent pas qu’on tapait à leur porte. Les policiers partirent. Le hasard avait sauvé la famille. Mais leur voisine Andrée Chéramy, qui habitait aussi au rez-de-chaussée, avait tout vu. Elle décida de sauver les quatre Juifs en leur offrant l’hospitalité dans son modeste appartement. Elle y vivait seule : son mari était prisonnier de guerre en Allemagne et son petit garçon de cinq ans était chez sa mère, Marie-Louise Déré, au Lude, petite localité de la Sarthe. Les Rydelnick s’installèrent donc chez elle, les parents dormant dans son grand lit et les enfants dans celui de son fils. Un jour d’automne, Andrée remarqua des soldats allemands en faction devant l’appartement des voisins : ils attendaient visiblement que les enfants rentrent de classe. Elle se précipita à l’école et en retira les deux jeunes Rydelnick, avec l’autorisation du directeur. Elle les conduisit sans délai chez sa mère au Lude. Ils y restèrent d’octobre 1942 jusqu’à la Libération. Ginette, qui avait quatorze ans, fréquentait l’école sous le nom de Déré; Albert, sept ans, abandonna temporairement le nom de Rydelnick pour Rydel, qui faisait plus « français ». Marie-Louise Déré, une femme modeste qui gagnait sa vie en faisant des ménages, s’occupa avec dévouement et beaucoup d’affection des petits Juifs. Le Lude était souvent bombardé par les Alliés car les Allemands y avaient installé deux grands dépôts de munitions. Un jour, des résistants tentèrent de faire sauter un train de munitions qui passait aux abords de la ville. L’explosion survint alors que les enfants jouaient dans la cour de l’école, près de la gare du village. Ils reçurent immédiatement l’ordre de se coucher sur le sol. Au milieu de cette panique, Marie-Louise arriva en courant, inquiète pour Albert. Elle savait également que l’une de ses voisines abritait un garçon juif – elle le gardait parfois et lui apportait des bonbons. La famille Rydelnick survécut à la guerre. Les enfants restèrent en contact pendant de longues années avec celles qui les avaient sauvés, même après la mort de leurs parents.

    Le 13 juin 1995, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Andrée Chéramy et à sa mère Marie-Louise Déré, le titre de Juste parmi les Nations.