Dossier n°791 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1973

Fernande Leboucher

Année de nomination : 1973
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Modéliste
    Localisation Ville : Collioure (66190)
    Département : Pyrénées-Orientales
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Lorsque les Allemands envahirent la France en juin 1940, Fernande Leboucher venait d’entamer sa carrière de modéliste à Collioures (Pyrénées Orientales), près de Port-Vendres sur la côte méditerranéenne. La jeune femme prit la décision d’aider les Juifs. Dans un premier temps, elle se chargea d’organiser le passage en bateau de Port-Vendres en Algérie de plusieurs familles juives qui s’étaient enfuies de Paris. Quelques mois plus tard, elle fit appel au père Pierre-Marie Benoît (q.v.), un Capucin de Marseille bien connu pour ses activités en faveur des Juifs et autres persécutés, afin de trouver une cachette pour deux jeunes juives dont les parents venaient d’être arrêtés. Ce fut le début d’une étroite collaboration. Fernande Leboucher devint l’assistante du prélat dans tous ses efforts de sauvetage. Pour plus d’efficacité, elle déménagea pour aller s’installer dans un appartement choisi avec soin. Sis rue de l’Académie à Marseille, ce logis fut bientôt appelé « le pigeonnier »; en effet, les doubles-fenêtres ouvraient sur une grande terrasse par laquelle les réfugiés pouvaient accéder aux toits en cas d’arrivée des Allemands ou des policiers. C’est par dizaines que le père Benoït envoyait les Juifs menacés d’arrestation chez la jeune femme. Il y en avait parfois jusqu’à vingt dans son appartement qui était aussi connu sous le nom de la « maison du Bon Dieu ». Fernande épousa un jeune juif mais leur bonheur fut de courte durée : son mari fut arrêté, et déporté. Le drame n’entama pas le courage et la résolution de la jeune femme. Elle redoubla d’efforts. Pourtant, l’occupation de la ville par les Allemands en novembre 1942 avait rendu sa tâche plus difficile et plus dangereuse. Mettant tous ses contacts à contribution, Fernande se procurait des faux papiers qu’elle remettait aux Juifs. Elle organisait des défilés de mode dont la recette servait à acheter des cartes d’alimentation au marché noir. Grâce à ses relations à la préfecture de Perpignan, elle put obtenir des autorisations de visite aux camps de Gurs et de Rivesaltes. Lors de ses visites, elle transmettait des faux papiers et des cartes d’alimentation, dissimulés dans la doublure de son manteau, aux internés juifs. Ces préciseuses pièces leur permettaient de s’enfuir et de franchir sans danger les barrages de police à travers le pays. Fernande Leboucher prit de plus en plus de risques. Un soir, vers la fin de 1942, la Gestapo déclencha une rafle de grande envergure à Marseille, et fit irruption rue de l’Académie. Dix Juifs se cachaient alors dans son appartement. Ils entendirent le bruit de bottes dans l’escalier, et virent d’autres agents prendre position sur les toits. Les réfugiés décidèrent de quitter l’appartement pour ne pas mettre en danger la jeune femme. Elle tenta de les en empêcher, et, le dos à la porte, fit le signe de la croix et demanda assistance au Seigneur. A ce moment là, une jeune juive désespérée qui était cachée dans un appartement voisin sauta par la fenêtre. Elle fut grièvement blessée. Cette tragédie détourna l’attention des Allemands qui quittèrent l’immeuble sans frapper à la porte du « pigeonnier ». En juin 1943 le père Pierre-Marie Benoît, ayant appris que la Gestapo s’apprêtait à l’arrêter, partit se réfugier à Rome. Fernande Leboucher l’accompagna jusqu’à la frontière. Il fut convenu qu’elle poursuivrait leur oeuvre commune en France et serait en contact avec la résistance italienne. Quelques jours plus tard, la Gestapo se présenta au domicile de la jeune femme, soupçonnée d’être venue en aide au prêtre. Feignant un calme parfait, Fernande leur fit admirer les photos de mode et les dessins qui tapissaient les murs de son appartement. Persuadés de son innocence, les agents se retirèrent. Elle continua sa mission de sauvetage. Cependant, vers la fin de l’Occupation, elle fut avertie par un ami que la Gestapo avait obtenu la preuve de ses activités et s’apprêtait à l’arrêter. Elle s’enfuit à Paris, lui échappant de justesse, et se trouvait dans la capitale lors de la Libération.

    Le 10 janvier 1973, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Fernande Leboucher le titre de Juste parmi les Nations.

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