Dossier n°9200 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Marguerite Schwab, 50 ans en 1941, dirigeait le Préventorium pour enfants situé à Arbonne (Pyrénées-Atlantiques). Après des études supérieures et plusieurs séjours à l’étranger, sa carrière débuta comme infirmière de la Croix-Rouge pendant la Guerre de 1914-1918 durant laquelle elle fut faite prisonnière des Allemands. Après sa libération elle suivit une formation d’assistante sociale et mit en place le Préventorium d’Arbonne pour soigner des enfants d’ouvriers. De 1940 à 1944, il a hébergé plus de 200 pensionnaires, parmi eux de nombreux enfants juifs dont les parents avaient été déportés ou se cachaient. Secondée par Melle Rospide et le chef d’exploitation de la ferme Jean Lhérété, elle fit des prouesses pour assurer le ravitaillement de ses protégés. En plus du sauvetage d’enfants juifs, Marguerite et Melle Rospide servaient d’agents de liaison du réseau Confrérie Notre-Dame-Castille. Son activité lui valut la médaille de la Résistance et la croix de guerre. Sa contribution au sauvetage d’enfants juifs ne fut révélée que récemment quand l’une de ses anciennes pensionnaires d’origine juive, Sylvie Chetrit née Rubin, prit conscience de son passé d’enfant cachée à Arbonne. Elle rechercha l’établissement par les services téléphoniques internationaux et demanda à recevoir son dossier. Par la même occasion, il s’avéra que les archives de l’établissement contenaient 34 dossiers d’enfants juifs cachés, envoyés par le bureau parisien du Préventorium. Une partie n’y avait séjourné que quelques mois mais 12 enfants y vécurent de mars 1942 jusqu’en avril et décembre 1945, bien longtemps après la Libération. Certains dossiers signalent la déportation de parents et contiennent la rectification des noms d’emprunt, ajoutée en marge à la fin de la guerre. Le dossier de Sylvie révéla que ses parents l’avaient envoyée « en convalescence » à Arbonne et qu’elle y avait séjourné de 1941 à 1945 sans aucune raison médicale apparente mais uniquement pour la mettre à l’abri des arrestations. Sylvie était convaincue qu’elle était chrétienne et elle assistait à la messe. Retrouver la trace de son sauveur lui causa une grande émotion et elle tint à lui exprimer sa reconnaissance. Mais quand, de son vivant, on louait sa bravoure, Marguerite répondait : « je n’avais aucun mérite, j’aimais ce que je faisais ».   

Le 18 janvier 2001, l’Instiut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marguerite Schwab le titre de Juste parmi les Nations.      

 

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