Dossier n°9625 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jeanne Dessaigne

Année de nomination : 2002
Date de naissance : 20/09/1884
Date de décès : 06/11/1975
Profession : Institutrice

Philomène Rolland

Année de nomination : 2002
Date de naissance : 18/08/1914
Date de décès : 06/03/1998
Profession : Institutrice
    Localisation Ville : Allanches (15160)
    Département : Cantal
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Jeanne Dessaigne, enseignante, dirigeait une école-internat pour filles à Allanche (Cantal). Philomène Rolland y était aussi enseignante. Toutes deux appartenaient à l’ordre des Sœurs de Saint-Joseph, vêtues en civil. En novembre 1942, Philomène était de passage à Saint-Flour dans l’un des établissements de l’ordre le jour même où le couple Florentin était venu demander asile pour sa fillette Colette, 11 ans, afin de la mettre à l’abri des rafles. La famille élargie des Florentin, Juifs originaires de Salonique et Turquie, avait fui Paris et s’était installée à Perpignan. Le père de Colette et l’un de ses oncles réussirent à passer clandestinement en Espagne pour rejoindre les forces de la France Libre. Avant son départ, M. Florentin avait voulu assurer la sécurité de sa fille. Sur les conseils d’une voisine qui lui recommanda l’établissement de Saint-Flour, il s’était adressé à la directrice qui malheureusement manquait de place. Celle-ci pensa soudain à Philomène, sur le point de repartir pour Allanche. Elle emmena Colette avec elle sur le champ. Jeanne Dessaigne la reçut chaleureusement et l’intégra à l’internat d’Allanche, refusant tout payement. Colette reçut une fausse identité, fut scolarisée, baptisée, et participa aux offices religieux. En juillet 1943, la mère de Colette se présenta à Allanche, cette fois pour demander asile pour elle-même et sa nièce, Jacqueline, 10 ans, dont le père avait été arrêté à la frontière espagnole, voulant suivre les traces de ses beaux-frères. Il fut déporté à Auschwitz où il périt. Jeanne Dessaigne les hébergea toutes les trois dans une chambre de l’internat jusqu’à la Libération. Jacqueline fut scolarisée et baptisée à son tour. Les deux fillettes y séjournèrent aussi durant l’année scolaire de 1944-45, sous la protection des Sœurs, seules à connaître leur identité. Des liens solides se tissèrent entre elles qui perdurèrent jusqu’au décès de ces dernières.

    Le 6 février 2002, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Jeanne Dessaigne (Sœur Marie-Angèle) et à Philomène Rolland (Sœur Marie-Etienne) le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    En 1940 après la débâcle, Isaac, Corinne FLORENTIN et leur petite fille Colette quittent le premier arrondissement de Paris pour Perpignan où Mathilde, la soeur d’Isaac Florentin et leur mère, résidaient.

    Très vite ils sont rejoints par la famille de Corinne Florentin.

    En novembre 1942, devant l’intensification des persécutions, Isaac Florentin cherche à mettre sa fille Colette en sécurité. Sur les conseils de Mademoiselle Dejean, une voisine et de Madame Rolland, directrice d’école, Colette est présentée à sœur Marie Etienne. Celle-ci accepte de prendre la jeune pensionnaire dans la petite école d’Allanche dont elle s’occupe sous l’autorité de sœur Marie Angèle, alors mademoiselle DESSAIGNE.

    Ces deux femmes veillent sur Corinne en refusant toute aide financière pour leur action.

    Mais au-delà de la sécurité physique et matérielle, soeurs Marie-Angèle et soeur Marie-Etienne entourent également la petite Colette d’affection et de sollicitude.

    En juillet 1943, la mère de Colette accompagne à son tour, sa nièce Jacqueline Eskinazi à Allanche. Recherchée par la Gestapo à Perpignan, Corinne Florentin reste aussi sous la protection des deux religieuses.

    Elle ne quittera l’école qu’en 1944, tandis que les jeunes pensionnaires y resteront jusqu’en 1945, une fois que les hommes de la famille sont peu à peu rentrés à Perpignan, à l’image d’ Isaac Florentin démobilisé à Alger en janvier 1945.

    Malheureusement alors qu’il passait en Espagne, le père de Jacqueline, Samy Eskinazi fut arrêté par les Allemands et déporté en avril, tandis que Mathilde Florentin qui prenait de grands risques pour faire passer des hommes, fut déportée en novembre en compagnie de sa mère.

    Depuis la libération, Colette et Jacqueline ont gardé des relations chaleureuses avec leurs deux protectrices. 




    Mis à jour il y a 11 mois.