Comme des dizaines de milliers d’autres juifs allemands, la famille Brill – le père, la mère et leur fille de dix-neuf ans, Gertrude – s’étaient enfuis en France où ils espéraient trouver un refuge. Mais dès 1940, la mère et la fille furent internées au camp de Gurs, dans les Pyrénées. Le père, lui, fut envoyé dans un camp de travail à Tence, petite localité de la Haute-Loire. En août, Gertrude et sa mère furent autorisées à quitter Gurs pour rejoindre M. Brill. Arrivées à Tence, les deux femmes apprirent que le camp venait d’être dissous et que tous les détenus avaient été envoyés à Gurs. Elles furent assignées à résidence dans la ville sous le contrôle de la gendarmerie locale. La jeune fille tomba gravement malade et son père reçut la permission de sortir du camp de Gurs pour lui rendre visite. Il décida de rester à Tence, en dépit du danger. Les gendarmes se montrèrent compréhensifs et prévenaient la famille quand des arrestations étaient prévues : les Brill se sauvaient alors dans la forêt. Ils vivaient cependant dans la peur et l’angoisse. C’est alors que le maire de la ville, Antoine Frachette, vint à leur secours. Il était connu pour observer scrupuleusement les lois de Vichy. Toutefois, lorsque Gertrude vint le voir et exposa la situation dramatique qui était la sienne et celle de ses parents, il fut ému. Il la conduisit dans un petit bureau de la mairie et l’y laissa seule. Sur la table se trouvaient le cachet de la municipalité et trois cartes d’identité portant de faux noms. La jeune fille n’eut qu’à tamponner les trois pièces. Quelques minutes plus tard, le maire revint, apposa sa signature sur le cachet, mit cachet et tampon encreur dans sa poche et sortit. Gertrude le suivit avec les trois cartes d’identité dans sa poche. Ces papiers sauvèrent la vie des Brill. Le maire se livra à la même opération pour d’autres Juifs, qui eux aussi lui durent la vie.
Le 26 juillet 1988, Yad Vashem a décerné à Antoine Jean-Marie Frachette le titre de Juste parmi les Nations.
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