Alice Renaudin, née Peltier, une assistante sociale, était affectée au sanatorium de Poitiers. Pendant la seconde guerre mondiale la ville se trouvait dans la zone occupée par les Allemands. Un camp d’internement y fut établi au lieu dit « Route de Limoges ». Alice fut amenée à s’y rendre dans le cadre de son travail au cours des années 1941 et 1942. Elle y rencontra des familles juives avec lesquelles elle sympathisa. Certains parents, inquiets pour leurs enfants laissés temporairement en liberté, lui demandèrent son aide. Au mépris du danger qu’elle courait, Alice Renaudin s’employa à cacher les enfants en les plaçant dans des familles d’accueil. Elle réussit à obtenir de faux papiers et à trouver des personnes disposées à héberger plusieurs enfants juifs qui lui avaient été envoyés de Paris. Elle prévenait tous ces petits que, pour leur sécurité, il leur fallait être prudents : si un étranger leur posait des questions, ils devaient se borner à lui répondre de s’adresser à elle, sans un mot de plus. Pour sa part, elle les présentait comme des cas sociaux. Un jour, en 1942, l’une des malades hospitalisées dans le sanatorium, madame Hamersfeld, dont le mari avait été arrêté et déporté vers les camps de la mort, lui demanda de mettre en sûreté sa fillette de douze ans, Paulette. Aline sauva la vie de l’enfant en la confiant à une amie non-juive de sa mère. Lorsque cette dernière mourut un mois plus tard, Paulette fut placée dans un orphelinat. L’assistante sociale ne l’abandonna pas pour autant. Elle continua à s’occuper d’elle et à couvrir ses frais d’entretien jusqu’à la Libération. Dans le courant de l’année 1943, Aline Renaudin prit contact avec le père Fleury (q.v.) qui oeuvrait sans relâche pour sauver des Juifs. Lorsque son budget fut épuisé et qu’elle se trouva incapable de continuer à verser aux familles d’accueil la pension des trente-deux enfants juifs à sa charge, le religieux prit le relais, couvrit le déficit en lui transférant chaque mois 16 000 francs de l’époque. Tous les enfants juifs placés par Aline Renaudin survécurent à l’Occupation. Elle était restée constamment en contact avec eux, leur rendait visite et s’assurait qu’ils étaient bien traités. A la Libération, aidée par sa collègue Suzanne Bourlat (q.v.), elle prit personnellement les mesures nécessaires pour que les enfants soient rendus à leurs parents, ou, pour ceux qui étaient désormais orphelins, remis à l’organisation juive OSE.
Le 27 mars 1979, Yad Vashem a décerné à Aline Renaudin le titre de Juste parmi les Nations.
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