Camille Mathieu était garde mobile. Il habitait à Drancy (Seine-Saint-Denis) avec sa femme Denise, et était affecté à la garde du camp de Drancy. Le 21 août 1941, tôt le matin, il observa du haut d’un mirador, trois femmes qui se tenaient de l’autre côté des barbelés. Léontine Ajdenbaum, Adéla Herzberg et Mme Fuks cherchaient à avoir des nouvelles de leurs maris, arrêtés la veille par la police parisienne alors qu’ils se rendaient à leur travail. A cette époque, on n’arrêtait que les hommes, elles n’avaient donc pas craint de se rendre à Drancy. Le gendarme leur demanda de quitter les lieux. Elles firent appel à sa pitié et lui expliquèrent ce qu’elles voulaient. « Ecrivez nom et adresse sur un bout de papier, posez le par terre et disparaissez. Je vous donnerai des nouvelles, » dit-il. Une dizaine de jours plus tard, accompagnée par son épouse Denise, Camille Mathieu alla effectivement leur rendre visite à Paris et leur promit de faire de son mieux pour faire remettre leurs maris en liberté. Les trois femmes lui confièrent des colis de vêtements et de nourriture pour leurs époux. Le gendarme comptait rajouter le nom de ces derniers sur la liste des prisonniers malades, voire si ce plan échouait, essayer de les faire sortir par les égouts du camp. Ce ne fut pas nécessaire : en février 1942 les trois hommes furent libérés au motif qu’ils souffraient « d’un oedème grave ». Mais redoutant d’être arrêtés à nouveau, ils préférèrent ne pas rentrer chez eux. Le gendarme les aida à passer en zone sud. La famille Fuks, qui ne voulait pas prendre le risque d’être arrêtée en franchissant la ligne de démarcation, trouva refuge chez Blanche Mathieu, la mère de Camille, qui habitait Lignières (Cher), et y vécut jusqu’à la Libération. En mars 1942, Denise Mathieu aida la fille aînée d’Adéla Herzberg, qui avait quinze ans, à passer en zone sud pour rejoindre son père, réfugié à Grenoble. Quelques mois plus tard, ce fut le tour d’Adéla et sa fille cadette. Denise leur remit de faux papiers et des cartes d’alimentation. Le garde mobile, qui, comme sa femme, n’avait jamais demandé la moindre rétribution pour son assistance, finit par être renvoyé de son poste à Drancy. Il partit vivre chez sa mère à Lignières, rallia la Résistance et continua à s’occuper des trois familles jusqu’à la Libération. Après la guerre, celles-ci restèrent en relations avec leurs sauveteurs.

Le 27 décembre 1976, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Camille, à Denise, et à Blanche Mathieu, le titre de Juste parmi les Nations.

Cérémonie 21 juin 1978 à Yad Vashem

Plantation de l'arbre

Camille & Denise le 11 novembre 2010

Camille Matthieu et Manuel Walls

MATHIEU Camille aux JOURNEES EUROPEENNES DU PATRIMOINE 2012

Exposition: Désobéir pour sauver

Documents annexes

Article de presse de juin 2010Article de presse de juin 2010
22 novembre 2014 08:14:06
Biographie de Camille MATHIEUBiographie de Camille MATHIEU
22 novembre 2014 08:13:36