Hélène Ducommun
 

Marcel Ducommun

La famille Grubstein avait émigré de Pologne en France. En mai 1940 les cinq membres de la famille avaient été forcés de quitter leur domicile en Moselle. Ils se déplacèrent d’un endroit à l’autre, réussirent à passer la ligne de démarcation et ils s’installèrent en juin 1942 dans le département de la Haute Vienne.

Le père de famille fut arrêté peu après et emprisonné dans un camp à Saillat-sur-Vienne. En septembre 1942, il réussit à s’échapper et trouva refuge à Limoges. Le fils Jacques réussit à rejoindre son père à Limoges. Madame Grubstein, son fils Maurice et sa fille Nadia furent aussi arrêtés et envoyés dans le camp de Nexon, mais ils furent libérés deux mois après grâce à l’intervention du Rabbin Deutsch de Limoges.

De nouveau réunis, les cinq membres de la famille continuèrent à se déplacer et arrivèrent finalement dans la ville de Castres dans le département du Tarn, où ils s’adressèrent aux chefs de la communauté juive qui les envoya chez le Pasteur Robert Cook.

Un grand nombre de Juifs avaient trouvé refuge dans le Tarn, notamment en 1942. La région servait aussi de centre pour la Résistance contre les occupants allemands et les collaborateurs français. La population locale était surtout Protestante et de nombreux membres de l’Eglise aidaient aussi bien les Juifs que la Résistance. Néanmoins beaucoup de Juifs de la région furent emprisonnés et déportés dans les camps à l’Est.

Le Pasteur Robert Cook conduisit membres de la famille Grubstein chez le Pasteur Marcel Ducommun à Sénégats. Sans hésitation celui-ci accepta d’héberger la famille juive dans le presbytère qui comprenait l’église, la maison du pasteur et la classe de l’école. La famille Grubstein s’installa au premier étage et resta près de deux ans jusqu’à la Libération de la région pendant l’été 1944.

Les Ducommun et leurs enfants habitaient dans le village de Lacaze à onze kilomètres de Sénégats. Madame Ducommun était l’institutrice de la classe unique de Sénégats. Pendant un temps, les enfants Grubstein, Jacques et Nadia, allèrent à l’école. Abraham Grubstein travaillait comme tailleur pour la population locale et en échange recevait de la nourriture pour sa famille. Il fabriquait aussi des vêtements pour les Résistants.

Le Pasteur Ducommun était aussi membre de la Résistance et souvent recevait des informations sur des arrestations imminentes ou sur l’arrivée de forces allemandes ou de la Milice. Il avertissait alors les Grubstein qui se cachaient dans des huttes dans les collines et les bois de la Montagne Noire. Ils étaient alors sous la protection de la Résistance.

Les villageois qui croyaient dans la justesse de leur cause et considéraient les Ducommun comme des personnes de grande moralité, protégeaient la famille juive qui pouvait ainsi à certaines périodes calmes se promener librement dans le voisinage. Quand les Allemands ou la Milice recherchaient soudain des Juifs, ils restaient dans la maison du Pasteur et la population ne dévoila jamais le secret de leur présence.

Les enfants Grubstein témoignèrent que les Ducommun étaient des gens exceptionnels. Ils les réconfortaient et montraient un esprit plein de grandeur et de courage malgré les risques encourus. Les deux familles se perdirent de vue pendant près de soixante ans car les Ducommun étaient repartis dans leur Suisse natale après la perte d’un enfant. C’est en trouvant une vieille photo portant au dos le nom de Grubstein et après une recherche sur Internet que les familles se retrouvèrent.

Le 21 décembre 2009 l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Justes parmi les Nations au Pasteur Marcel Ducommun et à son épouse Hélène Ducommun.

Marcel et Hélène Ducommun

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