Jacques Moussafir (né à Rhodes en 1897) et Mathilde Notrica (née à Rhodes en 1903) se sont mariés  en 1925 à Paris. Jacques avait étudié en France de 1912 à 1916 à l’Ecole de l’Alliance Israélite Universelle, s’établit définitivement à Paris en tant que commerçant en 1921. Mathilde quant à elle vivait à Paris depuis 1919 où elle était venue pour suivre ses études au lycée Victor Duruy.

Le couple habitait dans le 17ème arrondissement. Leurs deux fils Jean né en 1932 et Claude né en 1928 ont été déclarés français par leurs parents en 1938. Les parents quant à eux ont été naturalisés en 1946.

Pendant l’occupation, la famille avait été protégée à Paris par les Italiens jusqu’en mars 1943, car Rhodes était colonie italienne depuis 1912. La situation étant devenue plus difficile en mars 1943, la famille passe en zone libre avec les deux grands parents, Issac et Léa Moussafir, en utilisant leurs papiers italiens. Ils s’établissent à Nice où ils vivaient tranquillement jusqu’à la capitulation italienne en septembre 1943. A ce moment ils commencent à chercher un endroit plus sûr. Un couple juif, les Darmon, leur signale Annot, un village d’un millier d’habitants dans les Basses-Alpes (Alpes de Haute Provence).

A Annot, ils habitent d’abord à l’hôtel puis font la connaissance d’un gendarme Monsieur MARTIN André, de sa femme Elisabeth et de leurs enfants. Sur la base d’un acte de naissance de jacques Moussafir, rédigé en turc avec des caractères arabes (Rhodes avait été turque jusqu’en 1912), le gendarme leur fournit une déclaration sur papier à en-tête de la Gendarmerie indiquant qu’ils étaient tous de « confession musulmane ». Il leur trouve aussi une villa en location un peu isolée.

La famille Moussafir établit des relations d’amitié avec les MARTIN.

 Tout se passe bien jusqu’en février 1944, quand un collaborateur dénonce une vingtaine de juifs qui résidaient à Annot. André Martin informe du danger ceux qu’il connaissait. Il accompagne les parents Moussafir et leurs enfants en voiture jusqu’à Ubraye, un hameau perdu sans électricité à 14 kilomètres et il cache les grands parents à Annot, dans un appartement aux volets clos. Après quinze jours, il informe la famille Moussafir cachée à Ubraye de revenir à Annot.

Là André et Elisabeth Martin les attendent tard dans la nuit dans leur appartement de fonction situé dans l’immeuble de la Gendarmerie avec un bon dîner. Ensuite ils les logent dans l’appartement du village où logeaient déjà en secret les grands parents Moussafir et le couple Darmon (huit personnes). La fille aînée des Martin,  Liliane, neuf ans à l’époque, leur apportait à manger en secret.

Les familles Moussafir et Darmon, sont restées cachées là jusqu’à la Libération. André Martin est parti au maquis et pendant ce temps sa femme Elisabeth s’occupait d’eux.

La famille Moussafir a gardé des relations après la Libération, il parait évident que la caserne des gendarmes ainsi que des habitants du village étaient au courant des faits.

Le 17 décembre 2013, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur André MARTIN.

André MARTIN devant la Mairie de Annot en 1943

Famille Martin

Jean & Claude Moussafir avec leurs parents ainsi que André MARTIN, sa femme et leur fille Lilian

Exposition: Désobéir pour sauver

Documents annexes

Invitation cérémonie MartinInvitation cérémonie Martin
7 janvier 2015 09:06:45