Fernand Vidal de Veyres
Né en 1935 à Cologne, Emmanuel Carlebach est le fils unique de Daniel et Sophie Carlebach. Daniel est courtier en cacao et la famille Carlebach est fortement attachée au judaïsme : le grand-père paternel était grand-rabbin de Cologne, le grand-père maternel avait une boucherie kasher.

Lucienne et Fernand Vidal de Veyres
En novembre 1935, la famille quitte l’Allemagne pour la Belgique. En octobre 1939, à la déclaration de la guerre, Les autorités belges transfèrent Daniel Carlebach à leurs homologues français. Il est interné dans les camps de Saint-Cyprien, puis de Gurs. Daniel réussit à négocier sa sortie du camp en février 1941, pour raison de santé. Son épouse Sophie et leur fils Emmanuel viennent le rejoindre depuis Bruxelles dans le sud de la France. Après de brefs séjours dans les Pyrénées-occidentales (Gurs, Pau, Gan, Oloron-Sainte-Marie), la famille se retrouve à Marseille, puis à Aix-en-Provence en juin 1941. Emmanuel va à l’école. Daniel Carlebach essaie en vain d’obtenir un visa pour les faire émigrer en Amérique. Il fait un temps office de rabbin auxiliaire de la synagogue d’Aix, charge qui lui a été confiée par le Grand-Rabbin de Marseille, Israël Salzer.

A l’été 1942, alors que les rafles de Juifs s’intensifient à Aix, les parents sont séparés de leur fils qui est hébergé pendant une semaine à Aix chez le Docteur Payré (nommée Juste parmi les Nations en 2009 pour avoir sauvé Henri Glück). Le jeune Emmanuel est alors confié à Fernand Vidal de Veyres, dentiste et son épouse Lucienne. Il habite dans leur propriété, le Clos des Griottes dans les environs d’Aix, leur résidence secondaire. Emmanuel y a été caché, sans sortir de cette demeure, sans aller à l’école. Les Vidal avaient trois enfants : Pierre né en 1923, Jean-Claude né en 1921 et Marthe née en 1925. 73 ans après, Jean-Claude (21 ans à l’époque) et sa sœur Marthe (17 ans) se souviennent parfaitement du petit garçon rouquin avec des taches de rousseur qui lors des repas pliait sa serviette sur la tête pour prononcer les bénédictions du rite juif. Emmanuel se souvient du grand parc de la propriété dans lequel il s’isolait en pensant à ses parents.

Ce n’est que très récemment qu’Emmanuel Carlebach a découvert que les Vidal de Veyres étaient liés au réseau « La Résistance ». Leurs deux garçons Jean-Claude et Pierre Vidal de Veyres ont rejoint le maquis en armes. Il a aussi appris qu’un médecin juif d’origine russe, Simon        Bujanover, a été caché chez eux jusqu’à la libération d’Aix, ainsi qu’un Juif, membre de la Résistance, Louis-Philippe May. D’après le témoignage de Louis-Philippe, les Vidal ont également caché des résistants et des « persécutés raciaux ».

Fin septembre 1942, la famille Carlebach quitte Aix-en-Provence pour tenter de rejoindre clandestinement la Suisse, du côté d’Annemasse. Ce départ a peut-être bien été préparé par les docteurs Payré et Vidal, grâce à leurs relations avec la Résistance. En Suisse, la famille Carlebach est à nouveau séparée : les parents sont internés dans des camps d’internement, dont celui de Büren, Emmanuel est envoyé à Bâle. A la fin de la guerre, la famille Carlebach retourne à Bruxelles.

Le 21 février 2017, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Fernand Vidal de Veyres et à son épouse Madame Lucienne Vidal de Veyres.

A Anvers en 1937 Daniel CARLEBACH et son fils Emmanuel

Documents annexes

Invitation cérémonieInvitation cérémonie
3 janvier 2019 09:21:12