Joséphine Maréchal était née en 1891. Elle était installée à Chammes dans la Mayenne. Son mari était ouvrier agricole et elle l’aidait dans son travail. Le couple Maréchal avait trois enfants : Marcel, Madeleine née en 1928 et Germaine née en 1925. Pendant la guerre, Joséphine Maréchal était veuve.
A partir de 1931, Joséphine Maréchal avait commencé à prendre des enfants pendant les vacances. Certains n’avaient que trois ans. Au début, elle avait commencé avec cinq enfants, puis plus tard, elle en a reçu jusqu’à onze. C’étaient des enfants parisiens notamment ceux des familles Szerman et Roscenzweig qui revenaient régulièrement chaque année.
Pendant l’occupation allemande, quand les arrestations de Juifs ont commencé, les « habitués » ont naturellement demandé à venir se réfugier chez les Maréchal à Chammes : il y avait la famille Szerman, les parents et leurs enfants Léon et Dora, Madame Rochow et sa fille Madeleine. En juillet 1942, arrivent deux autres enfants : Max Kleinbaum et sa sœur Rose. Huit personnes en tout.
Le père de Max et Rose Kleinbaum, Israël Kleinbaum était né en 1894 à Pschitik en Pologne. Il a été arrêté, envoyé à Drancy et déporté le 2 septembre 1942 par le convoi N° 27 pour Auschwitz Birkenau où il a été assassiné. Marjem, son épouse était née en 1902 à Radom et elle était décédée de mort naturelle en novembre 1940 à Paris. En 1942, les enfants Kleinbaum se retrouvaient orphelins. Max (Michel) né en 1927 et Rose Kleinbaum née en 1930 sont restés de juillet 1942 à fin août 1944 chez Joséphine Maréchal. Quand les enfants Kleinbaum sont arrivés, ils avaient leur étoile jaune cousue sur leur vêtement. Rose Kleinbaum a été inscrite à l’école communale du village. Max avait 15-16 ans. Il travaillait chez Monsieur Lelasseux, bourrelier à Chammes.
Max Kleinbaum était déjà venu à Chammes avant la guerre quand il avait 8 ans. Il parle de Joséphine Maréchal : « elle gardait des enfants l’été pour qu’ils respirent l’air de la campagne. On était 8 ou 9 enfants. Ma sœur Rose avait 5 ans. On y est allés deux ou trois fois. Donc on connaissait cette famille. Elle était même venue à Paris voir mes parents quand on habitait avant 1939 rue Clovis Hugues. Mon père était tailleur et avait un petit magasin. Il travaillait pour les Galeries Lafayette et faisait des vêtements pour femme. On habitait dans un grand appartement avec deux chambres. Une avait été transformée en atelier avec des machines à coudre et l’autre servait de réserve pour stocker les fournitures. Un jour j’en ai eu marre de l’école et à l’âge de 14 ans j’ai eu envie de travailler avec mon père (…). A la libération je suis parti pour Paris vers le 27 août, resté 3 ou 4 jours chez des amis de mes parents puis revenu à Chammes que j’ai quitté peu de temps après. Après un séjour aux soins de l’OSE nous sommes partis chez un oncle à New York City en avril 1946. Ma sœur Rose est décédée en 1983 à Philadelphie ».
La famille Szerman est restée cachée pendant la même période à l’exception de Dora qui a été arrêtée alors qu’elle était partie à Paris en juin 1943 pour récupérer des affaires dans l’appartement familial. Elle était alors âgée de 15 ans. Dora Szerman a été déportée par le convoi N° 57 le 18 juillet 1943 pour Auschwitz. Léon Szerman a travaillé chez Monsieur Létard, mécanicien à Saint-Jean et plus tard à la ferme des Dufour, à la Chapelle-Rainson. Les Szerman ont séjourné au Pâtis Beauvais de juillet 1942 à août 1944. Quand les Américains sont arrivés dans la région, les Szerman sont descendus du grenier. Ils sont allés au village de Chammes. Les villageois ont été stupéfaits d’apprendre que deux personnes étaient restées aussi longtemps cachées dans un grenier. Les Szerman sont retournés à Paris fin août 1944. Ils ont été pris en charge par l’OSE puis ont quitté la France le 18 avril 1946 en embarquant sur l’American builder au port de La Pallice en Charente.
Le 6 mars 2017, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Madame Joséphine Maréchal.
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