Marie-Jeanne & Auguste BOYER
Pendant l’occupation, Auguste Boyer occupait les fonctions de garde au camp des Milles près d’Aix en Provence dans le sud de la France. Cette ancienne briquetterie avait été utilisée dès 1940 par les autorités de Vichy comme camp de transit. En 1942, avec les grandes rafles de Juifs de la région au mois d’août, les prisonniers y étaient regroupés avant d’être transférés au camp de Drancy et de là aux camps de concentration à l’est. La famille Neiger – le père, la mère et leurs trois enfants – s’étaient enfuis de Belgique après l’invasion du pays en mai 1940 et étaient arrivés en France, s’installant à Alès, dans le Gard. Cette ville se trouvait en zone non occupée. Ils y vécurent jusqu’en août 1942. La famille fut alors arrêtée; le père fut hospitalisé à Alès et sa femme et les enfants emmenés aux Milles. Lorsque les autorités du camp commencèrent à dresser les listes des prisonniers à transférer à Drancy, Auguste décida de cacher la maman et ses trois enfants. Par trois fois il descendit avec une corde dans la cage d’un monte-charge désaffecté, portant un petit Neiger sur son dos. Il se blessa la jambe au cours de l’une des descentes. Au fond s’étendait un tunnel sans issue; Auguste Boyer revint donc au milieu de la nuit avec des outils pour éventrer le mur extérieur. Ensuite, il conduisit Madame Neiger et ses trois enfants à l’entrepôt du camp, où il les cacha pendant environ 36 heures jusqu’à ce que les transports de prisonniers soient partis. Son travail à l’époque consistait à patrouiller le long des barbelés entourant le camp. Il fit une brèche dans la barrière, et montra aux enfants comment se sauver et se cacher en route. Plus tard, il les conduisit chez lui où sa femme s’en occupa. Dès qu’il put faire sortir leur mère à son tour, il aida la petite famille à retourner à Alès, auprès du père. Les Neiger essayèrent ensuite, à plusieurs reprises de passer la frontière suisse. Après la guerre, Menahem Neiger, l’un des enfants, déclara : « Il est indéniable que c’est au péril de sa propre personne que M. Auguste Boyer nous a sauvés d’une mort certaine. Aucune (sic) de nos connaissances et amis qui ont été déportés par ce transport ne sont (sic) revenus. » Boyer sauva encore d’autres Juifs pendant l’occupation; à un certain moment, vingt personnes étaient cachées chez lui. Le courageux français fut arrêté par la Gestapo et torturé, mais il ne parla pas. Jamais il ne demanda, ni ne reçut, la moindre rétribution pour son oeuvre de sauvetage. Ses enfants ignoraient ce qu’il faisait mais sa femme, Marie-Jeanne, lui apportait tout son soutien et s’occupait de tous ceux qui recevaient asile chez eux.

Le 2 décembre 1981, Yad Vashem a décerné à Auguste et Marie-Jeanne Boyer le titre de Juste parmi les Nations.

 

Marie-Jeanne et Auguste Boyer

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