Hélène Charpiot dirigeait un home pour enfants à Cannes. De 1940 à la Libération, cette femme protestante s’occupa avec dévouement et affection de nombreux enfants qui avaient été séparés de leurs parents – résistants ou Juifs qui avaient été arrêtés ou qui se cachaient pour échapper aux Allemands. Colette Halber n’avait que trois ans lorsqu’elle arriva dans le home en compagnie de son grand frère Claude, neuf ans. Leur père avait été arrêté en juillet 1942 et leur mère un an plus tard. Tous deux furent déportés à Auschwitz où ils périrent assassinés. Consciente du danger que couraient les enfants juifs et des rafles toujours possibles, Hélène Charpiot utilisait des stratagèmes pour camoufler leur identité. Après avoir détruit leurs pièces d’identité, elle donnait de faux papiers aux petits fugitifs, qui recevaient des cartes d’alimentation établies à leur nom d’emprunt; ensuite elle leur faisait répéter longuement leur nouvelle identité avant de les placer dans des groupes d’enfants chrétiens. Elle était assistée. par sa fille Françoise, qui était professeur, et par Elisabeth Martinet. Les classes se tenaient dans une atmosphère chaleureuse et familiale. Les enfants appelaient Hélène « Mamie » et Elisabeth « Tatie ». A un moment donné, les Allemands donnèrent l’ordre à Hélène d’évacuer le home et d’aller s’installer avec les enfants dans un hôtel, le « Château Saint-Georges ». L’une des ailes de cet établissement était occupée par des officiers allemands et italiens; les enfants se retrouvèrent dans l’autre. Paradoxalement, ils étaient relativement en sécurité car, à partir de l’arrivée des Allemands, il n’y eut plus de perquisitions à l’hôtel. A Noël, les soldats allemands vinrent chanter les cantiques traditionnels avec les enfants chrétiens et juifs du foyer. L’ambiance était pourtant lourde. Les trois femmes se sentaient mal à l’aise et décidèrent de transférer les enfants vers l’intérieur de la France. En pleine nuit, un camion s’arrêta devant l’hôtel et tous les enfants, y compris Colette et Claude Halber, furent conduits dans une ferme éloignée, à Mirepoix dans l’Ariège, non loin de la frontière espagnole. Ils y restèrent de la fin de l’année 1943 jusqu’à la Libération. Les enfants juifs, dont beaucoup étaient devenus orphelins, furent alors dispersés. Certains furent recueillis par des parents, d’autres, comme Colette, partirent en Israël. La plupart d’entre eux perdirent de vue Hélène Charpiot et Elisabeth Martinet; celles-ci, ayant détruit les papiers des enfants et ignorant leurs noms véritables, ne savaient pas comment reprendre contact avec eux. Après la guerre, Raymond Franc raconta la façon dont Hélène. avait sauvé son petit garçon. A la fin de l’année 1943, les parents de sa femme avaient été arrêtés à Nancy puis déportés vers l’est. Raymond et sa femme, craignant que les Allemands n’aient découvert leur adresse à Toulouse, décidèrent de se cacher. Redoutant l’incertitude de cette vie pour le petit garçon, ils le confièrent à Hélène Charpiot qui l’accueillit de grand cœur et lui fournit papiers et carte d’alimentation.

Le 12 mai 1982, Yad Vashem a décerné à Hélène et Françoise Charpiot ainsi qu’à Elisabeth Martinet le titre de Juste des Nations. 

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