DREYER Hélène
Pendant la guerre, Hélène Dreyer, en religion Mère Marie de Jésus, dirigeait un pensionnat catholique de jeunes filles à Fourvière, un quartier de Lyon. L’un des fournisseurs de l’établissement, qui était juif, lui demanda d’accorder asile à une adolescente juive. Elle accepta. C’est ainsi qu’en février 1943 Irène Graucher fut admise au pensionnat, sous le nom de Grancher, qui est courant dans la région lyonnaise. Ni le personnel ni les élèves ne savaient qu’elle était juive. La religieuse traita la jeune fille avec chaleur, sans jamais chercher à la convertir. Ainsi, à Pâques, alors que les autres adolescentes faisaient leur première communion, Irène « malade » fut envoyée à l’infirmerie. Pour éviter les questions, Mère Marie révéla à un prêtre qu’Irène était juive. Venant régulièrement au chevet de la « malade », il ne parla pas de première communion mais évoqua la Bible et les fêtes juives. Lorsqu’arriva l’été 1943, toutes les élèves rentrèrent passer les vacances dans leurs familles tandis qu’Irène restait au pensionnat. D’ordinaire, ces semaines de vacances étaient pour les religieuses un temps de recueillement, de prière et de méditation, mais Hélène Dreyer interrompait ses dévotions une fois par jour pour venir parler avec la jeune fille. La soeur aînée d’Irène habitait avec ses parents à Nice, zone sous contrôle italien jusqu’à l’entrée des Allemands en septembre 1943. Irène alla alors chercher sa soeur et une autre jeune juive et les ramena au pensionnat. Après la libération de Lyon en septembre 1944, Irène resta encore avec sa soeur au pensionnat pour préparer le baccalauréat, car leur maison avait été mise sous séquestre par les autorités de Vichy. Cette année là, les deux soeurs se rendirent à la synagogue pour les fêtes en octobre; elles y rencontrèrent d’autres camarades du pensionnat, dont elles ignoraient qu’elles étaient juives. Mère Marie de Jésus avait su garder leur secret pour leur sauver la vie. Plus tard Irène Graucher et sa soeurportèrent témoignage, et évoquèrent avec gratitude la bonté de la religieuse, la compassion et le tact qu’elle leur avait prodigués.

Le 23 octobre 1984, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Hélène Dreyer, en religion Mère Marie de Jésus, le titre de Juste parmi les Nations. 

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