Valentin Daubas vivait à La Cassagnard, petit village près de Bonas, dans le Gers, avec sa femme Clotilde et leurs trois enfants. Ce fermier, qui avait une trentaine d’années pendant l’Occupation, s’occupait de ses vignobles et élevait des canards. Deux réfugiées juives originaires d’Allemagne, Erika Dessauer et sa mère, avaient été assignées à résidence à Castera Verduazan, non loin de La Cassagnard. Erika, qui avait alors dix-neuf ans, fut envoyée par sa mère à la ferme Daubas pour acheter de la nourriture et sonder ses propriétaires : seraient-ils disposés à les aider si elles avaient un jour besoin d’une cachette? La rencontre fut positive : Erika fut émue par la bonté d’une famille large d’esprit qui lui assura qu’elle trouverait porte ouverte le jour où elle chercherait un abri pour elle et sa mère. Son père, qui était resté à Toulouse, était en contact avec un officier de police, Charles Heyl, qui lui avait promis de l’avertir en cas de rafle. Il tint parole et, le 3 août 1943, convoqua M. Dessauer au commissariat de Toulouse pour le prévenir que des arrestations massives de Juifs étaient imminentes. M. Dessauer contacta immédiatement sa femme et sa fille et, utilisant le code qu’ils avaient mis au point, les prévint qu’elles devaient se sauver. Le soir même, les deux femmes se rendirent à pied à la ferme des Daubas, située à quatre kilomètres. Valentin et Clotilde les accueillirent chaleureusement, les assurant qu’elles seraient en sécurité et qu’elles pouvaient rester aussi longtemps qu’il le faudrait. On expliqua aux enfants que madame Dessauer, malade, était venue reprendre des forces à la campagne, mais qu’il ne fallait parler des visiteuses à personne. Les Daubas leur demandèrent de plus de les prévenir s’ils voyaient un étranger approcher. Erika et sa mère séjournèrent à la ferme pendant une semaine, et leurs hôtes refusèrent toute rémunération. Erika n’oublia jamais la gentillesse de Valentin Daubas. Bien des années plus tard, alors qu’elle vivait aux Etats-Unis, elle vint lui rendre visite en compagnie de sa famille, et retrouva le même fermier chaleureux et modeste, pour lequel ce qu’il avait fait pendant l’Occupation était tout naturel. Il lui écrivit par la suite : « Je n’ai fait que mon devoir envers vous et votre mère, car le rôle de la Résistance et d’une grande partie des Français était de faire échec aux Nazis. Nous y sommes parvenus et j’en suis heureux » se contenta-t-il de dire.

Le 5 mars 1989, Yad Vashem a décerné à Valentin Daubas et à Clotilde sa femme le titre de Juste des Nations. 

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