Olga Saint Blancat
Olga St. Blancat-Baumgarten était capitaine dans l’Armée du salut. Lorsque la guerre éclata, elle habitait à Belfort avec une collègue de l’Armée du salut, capitaine elle aussi. En juillet 1942, le directeur du poste de la Croix-Rouge à la frontière suisse vint lui parler des petites Mohrer. Leurs parents, des Juifs de Bruxelles, avaient engagé un guide pour faire passer la famille en Suisse. Après avoir empoché l’argent, l’homme avait dénoncé les fugitifs aux Allemands. Les parents et la grand-mère avaient été internés; les fillettes, Marianne, trois ans et Gisèle, huit mois, remises à la Croix-Rouge. C’était en effet la première fois qu’une famille avec des petits enfants était arrêtée et les Allemands n’avaient pas ordre, à ce stade, d’emprisonner les enfants. Ne disposant pas de structure nécessaire pour s’en occuper, la Croix-Rouge demanda à Olga St. Blancat si l’Armée du salut était prête à le faire. Olga, ne faisant confiance à personne, décida de prendre elle-même en charge les petites. Le directeur de la Croix-Rouge persuada le garde allemand – moyennant finances – de permettre aux fillettes, accompagnées par Olga St. Blancat, de dire au revoir à leurs parents. Elle rapporta plus tard combien la séparation fut douloureuse, et qu’elle avait pris l’engagement de veiller sur elles jusqu’au retour des parents. Le policier français de garde au poste-frontière prit soin de détruire le dossier Mohrer, de sorte que, pour les autorités, retrouver les enfants allait devenir quasiment impossible. Olga dut engager une nurse pour pouvoir continuer ses activités à l’Armée du salut. Lorsque la situation des Juifs s’aggrava et que toute personne leur venant en aide se vit menacée de lourdes peines, Olga décida de mettre les enfants en sécurité en les envoyant avec leur nurse chez sa mère, qui habitait Badavel, un petit village non loin de Belfort. Son frère acheta une vache pour que les petites aient assez de lait; la bonne tailla des pantoufles dans de vieux manteaux et les vendit pour gagner un peu d’argent et permettre de couvrir les dépenses. Olga St. Blancat venait voir sa mère tous les lundis, en apportant ce qu’elle pouvait. Les gens du village, qui savaient que les fillettes étaient juives, gardèrent le silence et protégèrent la famille, malgré la proximité des Allemands, Après la guerre, Olga écrivit : « Tout le monde au village connaissait la situation des enfants. Je ne pouvais pas mentir. Je comptais sur le secours divin. Les enfants étaient tellement délicieuses! Elles gagnaient le coeur de tous. Marianne, dès le deuxième jour m’avait appelée « Maman », la jeune fille était « tati ». Maman était Maman-Grand, son frère, « Oncle Fritz » Ce fut terrible pour nous de nous en séparer.  » Elle s’était également occupée de deux des filles de la famille Granat, dont les parents et les frères avaient été arrétés et déportés. Les enfants avaient été placées dans un pensionnat et Olga les invita régulièrement à venir passer leurs vacances à Badavel. A la Libération, Marianne et Gisèle Mohrer allèrent vivre chez leur grand-mère maternelle en Angleterre et les petites Granat furent recueillies par des parents en Suisse.

Le 24 mars 1988, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Olga St. Blancat-Baumgarten le titre de Juste parmi les Nations. 

 

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