La famille Altarac, des Juifs venus de Yougoslavie qui avaient trois enfants, habitaient Lyon; les Guffet habitaient à deux pas de chez eux. A la suite de la vague d’arrestations de Juifs au mois d’août 1942, les Altarac quittèrent leur appartement pour se cacher dans une petite pièce, tout en cherchant un abri sûr pour leurs trois enfants. François et Henriette Gufflet invitèrent Esther, seize ans, qui était la camarade de classe de leur fille, à s’installer chez eux. Elle y vécut deux ans. Sans se préoccuper du danger qu’ils couraient en hébergeant une juive, les Gufflet, qui avaient refusé tout paiement, traitèrent Esther comme leur fille; elle devait dire plus tard avoir ainsi acquis une seconde famille. Esther travaillait comme dactylo : au bureau tout le monde savait qu’elle était juive et que la garder était dangereux mais l’ambiance au travail resta chaleureuse. En août 1944, comme les Gufflet, qui partaient en vacance chez des parents, ne pouvaient emmener la jeune fille, une collègue de celle-ci intervint. Elle demanda à ses parents, qui vivaient à une centaine de kilomètres de Lyon, de bien vouloir cacher Esther chez eux. Ils acceptèrent, et la jeune fille trouva asile chez les Rossat à Janeyrac, dans l’Isère. Elle n’oublia jamais la réponse faite par Franceline à son mari Cyrille Rossat, qui, tout en maintenant sa décision d’abriter une jeune juive, évoquait le danger. « Dieu sera avec nous; moi, je fais mon devoir de chrétienne ». Le fils des Rossat était dans la Résistance; le commandant de son réseau, un policier, fournit à la jeune fille de faux-papiers qui lui permirent de trouver du travail. Esther vécut chez les Rossat jusqu’à la Libération.
Le 12 février 1990, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à François et Henriette Gufflet, et à Cyrille et Franceline Rossat, le titre de Juste parmi les Nations.
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