Le 16 juillet 1942, lors de la grande rafle des Juifs parisiens, les policiers vinrent arrêter M. et Mme les Saltiel à leur domicile du 9ème arrondissement. Les deux filles du couple, Alice, seize ans, et Berthe « Betty », douze ans, allèrent se réfugier chez Paulette Laurent, une camarade de classe d’Alice et sa meilleure amie depuis 1935. Louise, la mère de Paulette, était concierge dans le même arrondissement. Mère de cinq enfants, elle avait du mal à les nourrir en ces temps difficile. Elle connaissait Alice et Betty qu’elle aimait bien. Courageusement, elle accepta de les héberger. Elle savait pourtant le risque qu’elle prenait et les peines sévères encourues par quiconque cachait des Juifs. Alice voulut rentrer chez elle récupérer quelques vêtements et objets de première nécessité. Louise Laurent s’y opposa, le danger étant trop grand, et envoya Paulette, sa propre fille, que personne ne connaissait dans l’immeuble des Saltiel. Au bout de trois semaines, il devint évident que le petit appartement de la concierge était trop exigu pour ses cinq enfants et les deux réfugiées. Elle réussit à placer Berthe dans un home de l’UGIF. Alice, Paulette et Louise allaient l’y voir régulièrement. Vers la fin du mois de novembre 1942, Alice retourna dans l’appartement de ses parents malgré l’opposition de Louise Laurent. Elle fut arrêtée, probablement à la suite d’une dénonciation, et internée à Drancy. Deux semaines plus tard, Paulette reçut une carte postale envoyée du camp. Elle alla voir Alice, en lui apportant du ravitaillement et du linge propre. Elle se rendit ensuite à Drancy chaque semaine. N’ayant pas la permission de rendre visite à son amie, elle prenait position devant le camp avec une grande pancarte portant son nom. A sa vue, des internés prévenaient Alice, qui communiquait alors avec Paulette par gestes ou par cris. Au mois de février 1943, Berthe fut arrêtée dans le home et internée elle aussi à Drancy. Le 11 février 1943 les deux soeurs et leur mère furent déportées à Auschwitz par le convoi 47. Aucune d’entre elles n’en revint.

Le 31 janvier 1993, Yad Vashem a décerné à Louise Laurent et à sa fille Paulette Laurent, le titre de Juste parmi les Nations.

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