En 1937, Roger Joubeaux, qui avait quinze ans, fut embauché par la maison Lévy-Finger à Rouen (Seine-Maritime) pour travailler dans son magasin de peinture géré par Simon Messer. L’adolescent eut un avancement rapide. En 1941 il était devenu l’un des adjoints de Messer. C’est alors que le magasin fut mis sous séquestre et « aryanisé » dans le cadre de la législation anti-juive. Simon Messer perdit son poste. Il partit pour Paris où il espérait trouver un autre emploi avec l’aide d’un ami non juif. Il y parvint et put faire engager Roger Joubeaux, qui vint travailler à Paris. A la suite des grandes rafles de juillet 1942, Simon Messer décida de se cacher. Roger Joubeaux se chargea de louer un appartement sous son nom. Simon payait le loyer. Les deux hommes y habitèrent pendant dix mois environ. Simon sortait le moins possible pour minimiser le danger; Roger Joubeaux tenait le magasin, et signait commandes et factures. Pourtant il risquait gros, d’autant que le concierge se montrait soupçonneux. Au cours de l’année 1943, Simon Messer quitta Paris pour s’installer à Combourg en Bretagne. Roger Joubeaux, qui venait d’avoir vingt et ans un, fut convoqué pour le Service du travail obligatoire. Il réussit à éviter le départ en Allemagne et fut affecté aux chemins de fer de Paris. Il resta en contact avec Messer, se rendit parfois à Combourg, seul ou avec la femme et les enfants de ce dernier, et lui transmettait des messages de son frère qui était resté à Paris. Victime d’une dénonciation anonyme, le jeune homme fut convoqué à la Gestapo et interrogé pendant des heures sur ses relations avec des Juifs, en lui dépeignant les graves peines auxquelles il s’exposait. Il démentit vigoureusement ces accusations et finit par être libéré.

Le 2 janvier 1995, Yad Vashem a décerné à Roger Joubeaux le titre de Juste parmi les Nations.

 

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