Jeanne Vermusse, jeune femme célibataire d’une trentaine d’années, vivait à Mont Ferrand, faubourg de Clermont-Ferrand, avec sa mère. Elle était vendeuse dans un magasin de lingerie. En 1942, elle fit la connaissance de M. Krajn, un Juif qui vivait seul avec sa petite fille de cinq ans, Yvette, dans une petite pièce au dessus d’un café très fréquenté. Il était séparé de sa femme, qui avait la garde de leur seconde fille, Suzanne. Jeanne offrit immédiatement de prendre la petite qui fut accueillie chaleureusement par Mme Vermusse. Suzanne étant elle aussi en danger, Jeanne et sa mère la recueillirent également. Jeanne présentait les deux petites filles comme ses nièces. Elle les inscrivit à l’école municipale sous son propre nom. Dans leur témoignage après la guerre, Yvette et Suzanne évoquent leur existence chez les deux femmes, qui se privaient toutes deux pour que les fillettes aient assez à manger, car elles n’avaient que des moyens fort modestes ; Jeanne avait un maigre salaire et sa mère ne travaillait pas. Lorsque le bruit courut que la police cherchait des enfants juifs, Jeanne, inquiète, cessa d’envoyer les petites à l’école; chaque soir, en rentrant du travail, elle leur apprenait à lire, à écrire et à compter. Une voisine menaça de dénoncer les deux gamines. Jeanne les plaça en toute hâte chez une famille de St. Gervais d’Auvergne, qui accepta de les héberger moyennant le paiement d’une pension. Jeanne trouva les fonds nécessaires; elle continua à rendre visite aux petites chaque fois qu’elle le pouvait. Après la Libération, les Krajn vinrent chercher Yvette et Suzanne, mais restèrent en relations avec les deux femmes. Dans son témoignage, Yvette dit clairement que la maison de Jeanne était son deuxième foyer : « Les premiers pas de mon fils se sont faits dans leur jardin. » Jeanne ne se maria jamais. Elle dit plus tard qu’elle voyait en Yvette et Suzanne ses propres enfants et que leurs enfants étaient pour elle des petits-enfants.

Le 24 mars 1996, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jeanne Vernusse ainsi qu’à sa mère, le titre de Juste parmi les Nations. 

Documents annexes

Article de presse du 29/01/1997Article de presse du 29/01/1997
16 juillet 2018 12:34:41
Article de presse - Le monde du 30/01/1997Article de presse – Le monde du 30/01/1997
20 janvier 2014 09:00:35

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