L’histoire

Roger Braun était un moine  jésuite. Pendant la guerre il se dévoua pour sauver des Juifs persécutés sans jamais chercher à faire de prosélytisme. Bien au contraire, il encouragea ses protégés à rester fidèles à la religion de leurs ancêtres. Après la guerre, le rabbin Henri Schilli, qui devint dans les années cinquante directeur du séminaire rabbinique de Paris, rapporta comment le principe de solidarité avec les Juifs domina l’action du prêtre pendant toute l’occupation. C’est ainsi qu’en grande tenue de jésuite il venait participer aux services de la synagogue de Toulouse. En 1942, le père Braun fut nommé aumonier des camps d’internement de Gurs et de Rivesaltes, dans le sud de la France. Henri Schilli était alors le rabbin de ces deux camps, et fut le témoin de l’action du jésuite. Pour aider les détenus juifs, le religieux travailla main dans la main avec la plupart des organisations juives de secours, avec des rabbins et d’autres personnalités juives. Il coopéra également avec l’Amitié Chrétienne, une organisation fondée à Lyon avec pour objectif d’aider les Juifs persécutés. En novembre de la même année, quand les Allemands occupèrent le sud de la France, Roger Braun ouvrit une filiale de l’Amitié Chrétienne à Limoges et maintint le contact avec l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE) qui s’occupait des enfants juifs, tout en coopérant avec des organisations protestantes et des mouvements clandestins juifs. Lorsque la persécution des Juifs atteignit son paroxysme dans les années 1942-1943,il était en relations suivies avec la direction du rabbinat et les rabbins des grandes villes de la zone sud. Grâce à ses réseaux, il pouvait venir en aide aux internés juifs et même à en faire libérer certains. En septembre 1942, le père Braun réussit ainsi à persuader le commandant du camp de Rivesaltes de soustraire à la déportation trente enfants juifs et de les remettre au Secours Suisse. Il participa aussi à l’organisation de passages clandestins d’enfants juifs en Suisse et en Espagne, et fit cacher des Juifs dans des établissements catholiques. Il donna asile à de jeunes juifs dans un établissement d’enseignement secondaire tenu par les Jésuites à Toulouse. Grâce à lui des étudiants d’un séminaire rabbinique purent se cacherdans une église de Limoges. Il se procura des cartes d’alimentation et des faux papiers pour ses protégés et continua à fréquenter ouverterment des Juifs. Lorsque les Allemands arrêtèrent le rabbin Abraham Deutsch et l’incarcérèrent à la prison de Limoges, le père Braun lui rendit visite et lui apporta des livres et des phylactères. Malgré le danger constant, le père jésuite consacra pendant l’occupation tous ses efforts au sauvetage des Juifs. Lorsque la Gestapo, soupçonnant ses activités, se mit à le faire filer, il passa dans la clandestinité. Après la guerre, il continua à œuvrer en faveur des Juifs et fut l’un des fondateurs des « Amitiés Judéo-Chrétiennes ».

Le 13 juillet 1972, Yad Vashem a décerné au Père Roger Braun le titre de Juste des Nations.

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