Né aux Pays-Bas, Wim Francken avait fait ses études de médecine en Suisse. Il s’établit ensuite avec son épouse Laure à Bégnins, en Suisse, où il ouvrit un cabinet médical. Les Francken achetèrent une maison de vacances près de Novel (Haute-Savoie), un village situé à près de mille mètres d’altitude. Ils y passaient leurs vacances, y accueillaient parents et amis et notaient toutes leurs activités dans le livre d’hôtes de la maison, qu’ils avaient appelée « Le Clou ». En 1996, des extraits de ce journal furent reproduits dans « William Francken, médecin de campagne », une biographie rédigée par Micha Grin. On y lit notamment que le 27 septembre 1942, une cinquantaine de réfugiés hagards, épuisés et affamés firent leur apparition à proximité de la villa. Il s’agissait de Juifs qui après un périlleux voyage à travers les sentiers de montagne cherchaient le col qui les conduirait en Suisse. Plusieurs d’entre eux étaient malades. Germaine et Ernest Brouze (q.v.), voisins et gardiens du « Clou », firent de leur mieux pour les réconforter et Germaine courut chez les Francken, qui se trouvaient là en vacances. Le docteur vint immédiatement soigner les malades tandis que sa femme distribuait de la nourriture et des boissons chaudes aux fugitifs. Les Brouze aménagèrent un abri improvisé pour qu’ils puissent reprendre des forces avant de repartir vers le col le plus proche, le Haut de la Morge. Les guides de montagne spécialisés dans le passage de la frontière avaient des complices du côté suisse qui sonnaient de la corne en cas de danger. Les Brouze, qui connaissaient leur code, leur firent des signaux avec une lanterne. C’est ainsi que le lendemain la plupart des réfugiés réussirent à franchir la frontière. Les Francken continuèrent à jouer un rôle de premier plan dans les opérations de sauvetage qui durèrent jusqu’au 6 octobre 1942 et permirent à d’autres réfugiés de passer en Suisse. Tout ce remue ménage avait attiré l’attention et des gendarmes français vinrent arrêter les Francken, qui, avertis à temps, se hâtèrent de fermer « Le Clou » et de rentrer chez eux à Bégnins. Dans son journal, Laure Francken relate le cas d’un jeune couple de réfugiés de Tchécoslovaquie dont les gardes-frontière suisses avaient relevé la trace et qu’ils avaient rattrapés et livrés à leurs collègues français. A la lecture de ce récit, l’historien israélien Saül Friedlander reconnut ses parents, qui, dans une lettre envoyée à leur fils le 30 septembre 1942, décrivaient avec précision les circonstances de leur arrestation. Dans son livre, publié en France sous le titre « Quand vient le souvenir », Friedlander évoque le sort de ses parents, morts à Auschwitz.

Le 22 décembre 1997, Yad Vashem a décerné à Wim et Laure Francken le titre de Juste parmi les Nations. 

 

Documents annexes

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14 mars 2015 09:35:06