Emile et Marguerite Lecas habitaient à Requeil (Sarthe) avec leur fillette de huit ans. Vers la fin de l’année 1942, le curé du village annonça à ses paroissiens que des enfants en détresse avaient été rassemblés dans une grange du hameau voisin de l’Espérance en attendant qu’on leur trouve des familles d’accueil. Il s’agissait de petits Juifs de Paris recueillis par le père Théomir Devaux (q.v.) afin de les placer en lieu sûr. Emile se rendit à la grange comme nombre de villageois, prêt à héberger un enfant chez lui, malgré sa condition très modeste. Il y avait là Rosette Cohen, huit ans, qui refusait de se séparer de sa petite soeur de trois ans, Bambi, parce que sa maman lui avait fait promettre de ne jamais la quitter. Personne ne voulait les prendre toutes les deux et Rosette sanglotait. Emile vint la consoler et décida de recueillir les deux petites. Il leur raconta qu’il avait une fille de l’âge de Rosette et qu’elles seraient heureuses chez lui. Il installa les deux soeurs dans sa charrette et les couvrit d’un épais manteau pour les protéger de la pluie qui tombait. Marguerite, qui l’attendait à la maison, installa les deux petites devant la cheminée pour sécher et réchauffer les petits pieds. Rosette et Bambi, choyées et bien traitées, vécurent chez eux jusqu’à la Libération. Un jour, M. et Mme Lecas se rendirent avec les deux sœurs et leur fille au Mans et se firent photographier ensemble. En 1944, lorsque des soldats allemands firent irruption chez les Lecas et leur demandèrent si toutes les filles étaient les leurs, Marguerite répondit par l’affirmative, leur montrant du doigt la photo au mur. La séparation fut très douloureuse lorsque, après la Libération, M. et Mme Cohen vinrent reprendre leurs fillettes. Le contact fut rompu lorsque la famille émigra en Israël. Bien des années plus tard, en 1996, Rosette vint en France et se rendit à Requeil retrouver ses sauveteurs. Quelques mois après, elle accueillit chez elle à Naharya, en Israël, Marguerite Lecas, devenue veuve, et sa fille.

Le 11 janvier 1998, Yad Vashem a décerné à Emile et Marguerite Lecas le titre de Juste parmi les Nations.

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