Objecteur de conscience avant la guerre, Jacques Martin avait été emprisonné pendant environ un an. Un médecin militaire le réforma pour raisons de santé en 1939. Il avait alors terminé ses études de théologie. Toutefois, l’Eglise protestante, fidèle à sa politique de l’époque envers les objecteurs de conscience, ne lui confia pas de paroisse. Martin accepta la charge de pasteur par interim, à titre bénévole, à Ganges (Hérault). Il dut donc trouver du travail pour nourrir sa famille et fut embauché dans une bonnetterie locale qui fabriquait des bas de soie. Sa femme et lui adhérèrent à l’organisation « La Cimade » et travaillèrent la main dans la main avec Madeleine Barot (q.v.) qui les mit en contact avec des Juifs internés à Gurs. Les Martin leur envoyaient des colis de nourriture. Ils aidèrent plusieurs détenus à retrouver la liberté et à émigrer à l’étranger. Lorsque commencèrent les arrestations massives de Juifs dans le sud de la France, le pasteur et sa femme sauvèrent beaucoup de vie. Ils cachèrent des Juifs chez eux pendant de courtes périodes, en attendant de leur trouver un refuge plus permanent, le plus souvent chez un membre de leur paroisse. Jacques Martin falsifia des cartes d’identité, et les remit à des Juifs qui en avaient besoin. Il faisait partie d’un réseau qui subtilisait des cartes d’alimentation et des tickets de rationnement pour les faire parvenir aux Juifs qui se cachaient. Les Martin ont hébergé le beau-frère de Jacques, le pasteur André Trocmé (q.v.) dans leur maison familiale de Perdyer (Drôme). Le 22 juin 1944, la Milice arrêta Jacques Martin, accusé d’activités clandestines, et le fit incarcérer à la prison de Montpellier. C’est alors qu’intervint l’une des transactions les plus étranges de cette période troublée : la Résistance négocia la libération du pasteur en échange de mille moutons… et il fut remis en liberté trois jours avant la Libération. Après la guerre, l’Etat-major des armées a décerné à cet objecteur de conscience la Croix de guerre en hommage à son combat « pour aider les réfractaires, les maquis et toutes les victimes de la répression ennemie. »

Le 22 juin 1998, Yad Vashem a décerné au pasteur Jacques et Jacqueline Martin le titre de Juste parmi les Nations.

Jacques et Jacqueline MARTIN

Arie Gabay, Consul d'Israël remet la médaille à Jacques MARTIN

Cérémonie

Documents annexes

Article de presse - Le journal du dimanche du 25/06/1999Article de presse – Le journal du dimanche du 25/06/1999
9 novembre 2018 07:12:13
Article de presse - Le dauphiné du 25/06/1999Article de presse – Le dauphiné du 25/06/1999
9 novembre 2018 07:11:13