L’ingénieur Paul Pasqualini et sa femme Anna, institutrice, avaient installé leur appartement au cœur des bâtiments d’une cartonnerie fondée par Paul en 1936 au Valfuret (Loire), dans la banlieue de Saint-Etienne. Gaulliste convaincu, Paul appartenait à un réseau de Résistance. Dès l’occupation de la zone sud par les Allemands, un instituteur de leurs amis, Pierre Gonnet, demanda aux Pasqualini de cacher un médecin juif et sa femme. Marcel et Gertie Auslander, nés en Autriche et naturalisés français, habitaient non loin de là, à Saint-Bonnet le Château. Mais le régime de Vichy avait interdit à Marcel l’exercice de la médecine et déchu le couple de la nationalité française. Les Pasqualini décidèrent aussitôt de recueillir les fugitifs, en plus des huit personnes vivant déjà dans leur appartement, certes spacieux et possédant l’avantage, du fait de sa situation, d’être isolé et discret. Anna dut sans doute déployer des trésors d’ingéniosité pour nourrir tout ce monde. Le 9 octobre 1943, des agents de la Gestapo vinrent arrêter l’ingénieur résistant, trahi comme les camarades de son réseau par un agent double. Il se laissa emmener sans chercher à fuir, pour permettre aux Auslander et à un jeune réfractaire STO de s’éclipser par le parc attenant à la cartonnerie, et qui donnait sur la campagne. Paul Pasqualini fut incarcéré au fort Montluc et à Compiègne, puis déporté à Mauthausen où il échappa de peu à la mort. Le couple Auslander en fuite fut recueilli par d’anciens patients, Aimé Thévenet (q.v.), apiculteur à Estivareilles (Loire) et son épouse Andrée, institutrice. Les Auslander étaient connus de tous les habitants de la contrée, dont Marcel avait été le médecin, et leurs sauveteurs veillèrent soigneusement à ce que personne ne puisse soupçonner leur présence. Au printemps de 1944, le médecin rallia une unité de maquisards. Après le retour de déportation, en mai 1945, de Paul Pasqualini, le docteur Auslander se consacra aux soins qu’exigeait son état critique. En 1946, Gertie Auslander mit au monde une fille. Durant son séjour en clinique, elle reçut quotidiennement la visite des Pasqualini qui savaient qu’aucun de ses proches n’avaient survécu à la Shoah.

Le 26 mai 1999, Yad Vashem a décerné à Paul et Anna Pasqualini le titre de Juste parmi les Nations.

 

Anna PASQUALINI

Paul PASQUALINI

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