Emile Girod
Juliette Girod
Odette Girod
Emile Girod était jardinier municipal à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie). Il occupait avec sa femme Juliette et leurs deux filles, un spacieux logement de service dans l’immeuble mitoyen de l’Hôtel de Ville. Pendant l’année scolaire 1941-1942, Odette, l’aînée, se lia d’amitié avec une camarade de collège, Jacqueline Sochouk, et prit l’habitude de l’inviter chez elle. Jacqueline en a gardé le souvenir : « Toute la ville défilait dans cette maison. J’y venais très régulièrement faire mes devoirs avec Odette et mes parents venaient fréquemment dire bonjour et passer un moment dans cette famille accueillante. » Les Sochouk étaient des immigrés juifs de Russie à Paris qui s’étaient réfugiés à Thonon à cause de l’Occupation. Mais en septembre 1943, Thonon fut à son tour occupée par les Allemands et Emile Girod révéla à Samuel Sochouk, le père d’Odette, qu’il avait eu sous les yeux une liste de Juifs à arrêter où figurait son nom. Il insista pour héberger et cacher le couple Sochouk et leurs trois enfants. Samuel ne voulait pas mettre les Girod en danger et se cacha pendant deux jours dans un poulailler. Très vite, les Girod et les Sochouk décidèrent qu’il fallait chercher le salut en Suisse. Le jardinier organisa rapidement l’opération. Le dimanche 20 septembre au début de l’après-midi, cinq personnes circulaient à bicyclette sur la route de Thonon à Douvaine. Il y avait là Emile Girod, Odette, son amie Jacqueline et enfin Samuel Sochouk avec son fils Gilbert, 8 ans, sur son porte-bagages. A Veigy, à 500 m de la frontière, un cultivateur du village, passeur d’occasion et bénévole prit en charge Samuel et son gamin et, la nuit venue, les conduisit en Suisse. Les autres « promeneurs » revinrent à Thonon en car. Le dimanche suivant, Odette et sa mère prirent l’autocar avec Mme Sochouk et ses deux filles Jacqueline et Micheline, pour la même destination. Les trois réfugiées furent alors prises en charge et conduites en Suisse par le secourable passeur. « Les Girod nous ont sauvé la vie et risqué la leur », a affirmé Jacqueline. « Nous étions des êtres humains en détresse et eux étaient la crème de l’humanité. Ils étaient simples, ils étaient bons, ils n’en ont tiré aucune gloire ».
Le 2 septembre 1999, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Emile et Juliette Girod et Odette Girod le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Article de presse – Le messager du 06/04/2000 14 juin 2015 09:23:33 |