En 1939, Germaine Dufour, célibataire de 25 ans, était employée de maison chez le Dr. Elmann, Juif roumain, à Pontarion (Creuse). Ses cousins, Henri et Juliette Fournier, travaillaient comme ouvrier agricole et employée de maison. Au cours des hostilités, Henri fut fait prisonnier de guerre et, très affaibli par les rigueurs de la captivité, rapatrié en 1941. Entre temps, la législation anti-juive de Vichy avait obligé le Dr. Elmann de fermer son cabinet de Pontarion et il avait recommandé Germaine à son cousin Ghers Melamed, directeur de l’ORT à Limoges, qui l’avait engagée. Par la suite, Germaine lui présenta les Fournier. Henri, trop affaibli pour reprendre son travail d’agriculteur, fut employé comme gardien de l’établissement et Juliette comme concierge. Mais en 1943, la situation des Juifs devenant de plus en plus critique, la direction de l’ORT envoya le couple Melamed à Voiron, en zone d’occupation italienne. Pour raison de sécurité, les Melamed décidèrent de se séparer de leurs deux filles, Assia, 6 ans, et Jeannine, 3 ans. Ce fut Germaine qui proposa de les garder et les emmena vivre avec elle chez ses parents, fermiers à la «Grand’Vallée», un lieu-dit situé à Soubrebost (Creuse) où vivaient aussi ses frères Lucien et Maurice, 22 et 18 ans, qui par la suite se joignirent au maquis. Pendant un an et demi, les deux fillettes furent choyées par la famille Dufour et malgré les conditions précaires, elles gardent le souvenir d’un séjour heureux, comme en témoigne Jeannine: «Ces familles de paysans de la Creuse étaient très pauvres – ils n’étaient pas allés à l’université – mais avec eux toute l’élégance et la dignité humaine étaient au rendez-vous». Les Fournier qui continuaient à garder les locaux de l’ORT de Limoges avaient entre temps envoyé leurs papiers d’identité aux Melamed. Ils ne prirent conscience des risques d’un recoupement de leur double identité, qu’au moment d’une descente de la Milice, qui les obligea à se replier à la campagne. Après la guerre, les Fournier furent affectés à l’ORT de Paris où ils travaillèrent jusqu’à leur retraite aux côtés de Ghers Melamed, à la tête de l’institution.   

Le 30 octobre 2001, l’institut Yad Vashem de jérusalem a décerné à Germaine Dufour et à Henri et Juliette Fournier le titre de Juste parmi les Nations.

 

Le témoignage

Le 13 juin 1940, la famille Melamed, Ghers et Feiga (les parents) et leurs deux filles, Assia née en 1937 et Jeanine, un bébé de 4 mois, quittent Paris. Après maints arrêts, ils aboutissent à Limoges où se trouve l’O.R.T dont Ghers est le directeur.

Par un ami, résidant dans la région, ils font la connaissance de Germaine DUFOUR.

Début 43, le danger pour les juifs grandissant de plus en plus, la famille se cache chez leurs voisins, les LEBRUN, pendant une quinzaine de jours. Mais il était devenu urgent de trouver une nouvelle cache et une nouvelle identité pour les enfants.

Germaine DUFOUR avait des cousins, Henri et Juliette FOURNIER, qui étaient devenus par l’intermédiaire de Monsieur MELAMED, gardiens de l’O.R.T de Limoges.

C’est donc, tout naturellement que les FOURNIER donnèrent aux MELAMED tous leurs documents d’état civil. Assia et sa petite soeur devinrent donc FOURNIER et partirent avec Madame Dufour au hameau de Grand Vallée en Isère dans sa famille tandis que leurs parents, aussi sous le nom de Fournier, se rendent à Voiron.

La famille de Germaine très modeste s’occupe des deux petites filles et assurent leur sécurité, tout en ravitaillant le maquis, très présent dans la région.

C’est donc grâce à leur nouvelle identité et à cette immense chaîne de solidarité que les MELAMED purent traverser sans encombre toutes ces années sombres.

Des liens très étroits unissent encore ces 3 familles.

 

De gauche à droite Germaine DUFOUR et Juliette FOURNIER

Juliette et Henri FOURNIER au centre leur enfant jacques

Documents annexes

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