Henriette Chautard, née dans une famille de commerçants de Dordogne, était veuve d’un négociant en vins et éduquait seule son fils unique qui en 1939 terminait ses études. Durant la guerre, elle fut nommée directrice d’un internat pour filles, installé au château des Basses Fontaines, à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher). Cette institution dépendait du Secours National et avait été ouverte par les autorités de Vichy pour recueillir des enfants de prisonniers de guerre et des orphelins. En 1943, Henriette Chautard admis comme pensionnaires une vingtaine de fillettes juives de 5 à 13 ans que l’OSE avait fait sortir des camps et placées dans ses maisons de Chabannes, Le Couret et Le Masgelier. Obligé de plonger dans la clandestinité, l’OSE dut disperser ses protégés pour des raisons de sécurité et en plaça une partie à Basses Fontaines. Les fillettes furent toutes munies de fausses identités qui leur assuraient des tickets d’alimentation. On leur avait appris à ne pas dévoiler leur origine. Elles furent réparties dans les divers groupes de pensionnaires qui, selon la tradition scoute, portaient un « totem ». Les responsables aussi avaient leur surnom et Henriette se faisait appeler « Gazelle ». Un parachutage d’armes dans la région fut l’occasion d’une perquisition allemande. En fouillant la maison, un officier tomba sur le coffre-fort où Gazelle avait entreposé des papiers avec les vrais noms de ses protégés. Par chance, il cassa la clé dans la serrure mais promit de revenir le lendemain. En pleine nuit, Henriette envoya toutes les fillettes juives au Coudray, une autre maison du Secours National et partit pour Orléans à la recherche d’un serrurier spécialiste prêt à se déplacer. Elle trouva quelqu’un qu’elle mit au courant du danger pesant sur les enfants juifs. Ensemble, ils revinrent forcer le coffre pour détruire tous les papiers compromettants. Après le débarquement, toutes les petites juives furent envoyées à l’institution de Sèvres dirigée par Yvonne Hagnauer*. Orphelines pour la plupart, elles furent prises en charge par l’Alya des Jeunes et toutes vouent une grande reconnaissance à Henriette Chautard, sa générosité et son intrépide dévouement.          

Le 20 décembre 2001, Yad Vashem a décerné à Henriette Chautard le titre de Juste des Nations.

Documents annexes

Article de presse - Dauphiné libéré 28/04/2003Article de presse – Dauphiné libéré 28/04/2003
8 décembre 2013 09:06:51
Invitation  cérémonie ChautardInvitation cérémonie Chautard
8 décembre 2013 09:06:16
Photos Basses fontainesPhotos Basses fontaines
8 décembre 2013 09:05:16