Diffusion de livres nazillant par la FNAC

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Dossier n°

Diffusion de livres nazillant par la FNAC

Les Nazis brûlaient les livres… mais leurs publications ainsi que celles de leurs nostalgiques et de leurs descendants se trouvent en vente – via internet -… Et pas sur des sites obscurs et camouflés !

Sauf erreur involontaire de notre part, l’alerte a été donnée depuis la Belgique, début de cette seconde semaine de janvier. Si dans ce Royaume, la lecture de journaux français est un réflexe largement partagé, la réciproque n’est pas évidente. Aussi aucun écho, semble-t-il, n’est encore parvenu en France de ce constat objectif et inquiétant porté par « Le Soir », quotidien francophone le plus lu :

« Livres : Manque de vigilance ?
Des librairies, comme la Fnac, vendent sur leur site internet des centaines de livres favorables à l’idéologie nazie. »

Journaliste de référence, Martine Vandemeulebroucke signe un article débutant par ces lignes :

« Le site internet de la Fnac est-il devenu le principal diffuseur des auteurs d’extrême droite ? Ce mardi, l’Observatoire belge de l’extrême droite diffuse sur RésistanceS (www.resistances.be) et dans le Journal du Mardi une enquête sur la vente de plus de 200 titres de livres d’auteurs ouvertement favorables à l’idéologie fasciste ou nazie. Ces livres sont vendus par les services de la Fnac.com, le site français de la grande librairie…

Bien sûr, en vendant ces livres, « la FNAC n’a certainement pas l’ambition de favoriser la diffusion des idéologies partagées par les éditions Dualpha », estime l’Observatoire belge de l’extrême droite. La présence de ces livres relève « uniquement d’un intérêt commercial. Mais tout ne peut se vendre. Il y a des choix à faire et une vigilance à adopter ». Pas question non plus de revendiquer l’arrêt immédiat de la vente de ces livres. « Notre objectif est de rétablir l’information correcte sur la nature idéologique des livres proposés par la Fnac, ce qu’elle ne fait nullement. »
Ce 11 janvier, la FNAC n’avait pas encore souhaité réagir.

Mais sans chercher pour autant à donner trop de haut-le-coeur, il est indispensable de citer quelques exemples d’auteurs et de titres pour illustrer le tocsin sonné depuis la Belgique.

Du côté des « purs et durs » acteurs de l’avènement du Nazisme :

– Joseph Goebbels : « Combat pour Berlin » (Ed. Déterna, 2006). Celui qui personnifia la propagande nationale-socialiste y décrit la montée du pouvoir des adeptes de l’Hitlérisme. Méthodes, menaces, et conditionnements… Sans oublier des passages antisémites de circonstance.

– Alfred Rosenberg : « Le Mythe du XXe siècle » (Ed. Déterna, 2005). Avec notamment au sommaire : « Race et âme de la race… Amour et honneur… Mystique et action… L’essence de l’art germanique… L’idéal racial de la beauté… Volonté et instinct… Le Reich à venir… Le Droit nordico-germanique… » Une totale…

Dans la cour des collabos, il y a affluence de « mémoires » qui dédouanent, maquillent, trafiquent et surtout font l’impasse sur les réalités ainsi que les responsabilités dans la tentative d’extermination des juifs :

– Fernand de Brinon, cet « Ambassadeur de France à Paris ». Il n’y avait que Vichy pour ne pas s’effondrer de honte à l’invention d’une telle mission à l’intitulé surréaliste. de Brinon devait finir son itinéraire politico-collabo à la tête éphémère du gouvernement « français » à Sigmaringen (ED. Dualpha).

– Robert Brasillach avec non moins de huit volumes aux Ed. Godeffroy de Bouillon. De cet écrivain qui en son temps, celui de la Shoah, décréta : « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder de petits. » (1)

– Jean Hérold Paquis, la voix de son maître allemand sur les ondes de « Radio Patrie », autre détournement de mots (Ed. Dualpha).

– Monseigneur de Mayol de Lupé. Aumônier de la Ligue des Volontaires Français (LVF) puis des SS Français de la division Charlemagne. Un homme de robe qui porta l’uniforme SS avec en hochet la croix de fer.

Condamné à 15 ans mais libéré en 1951 et mort en 1956 (DR)

Et puis une avalanche de pages sur les volontaires vers le front de l’Est et qui ne combattirent jamais que des partisans cruels car affreux communistes fanatiques. Il faut le lire pour le croire. La population les accueillait favorablement ces SS. Il n’y avait pas de « problème » juif. C’est un mélange cynique d’amnésie, d’autosatisfaction et d’autojustification. Avec le retour aux thèmes d’une croisade en faveur d’une Europe dominée pour mille ans par la dictature nazie. Quant à la camaraderie, elle consiste à plonger ensemble les mains dans le sang des mêmes victimes :

– Eric Labat : « Les places étaient chères ». Présentation par les Ed. du Lore : « Les lecteurs découvriront le sens des mots camaraderie et fraternité européennes à travers l’épopée du guerrier Eric Labat qui  » y était « , partageant tantôt l’atrocité des combats et la rudesse du climat, tantôt d’intenses moments d’amitié qui marqueront à jamais la destinée de ces hommes. »

Jean-Pierre Sourd : « Croisés d’un idéal » aux Ed. Dualpha qui saluent ces volontaires espagnols en des termes on ne peut plus louangeux. Les spadassins deviennent les héros d’une épopée nazie : « On les verra sur tous les fronts au sein d’unités de la Wehrmacht, de la Kriegsmarine, de la Waffen SS et du SD, de l’Organisation Todt, de la légion Speer, du NSKK, du Volkssturm, mais aussi avec des unités beaucoup plus  » germaniques « , telles la division Nordland, la Wallonie, la Karstajeger et le SS Polizei Freiwilligenbataillon  » Bozen « … Ils combattront en Slovénie, Roumanie, Hongrie, Autriche, France, Italie du Nord, Estonie, Poméranie, sur les arrières des troupes alliées à l’Ouest en décembre 1944 et seront des combats pour Munich et Berlin. »

Quand les livres se limitent à l’hexagone, c’est alors pour tenter de diffamer la Résistance de celles et de ceux, y compris juifs, qui refusèrent la défaite, la collaboration de Vichy, l’attentisme :

– Abbé Desgranges : « Les crimes masqués du Résistancialisme » (Ed. Dualpha, coll. « Vérités pour l’Histoire »). La profession de foi est sans équivoque : « Dénoncer l’oeuvre néfaste, les crimes masqués des imposteurs, profiteurs et usurpateurs, qui, par leurs iniquités, leurs vengeances inexorables, et leurs scandaleuses spoliations, ont décimé toute une élite française et tentent de dissocier la conscience elle-même de la Patrie dont le salut a coûté tant de sang à nos martyrs. »… Et voilà, d’un côté les calomnies réservées aux résistants et d ‘autre part, les pseudo vraies élites soit ces collaborateurs lavés de tous leurs crimes et dont les noms sont gravés sur un monument national aux martyrs…

Du point de vue de ces feuilles de choux vert de gris à l’eau de Vichy, il y a même matière à se réjouir de voir la justice être restée parfois impuissante :

– Roland Gaucher (2) et Philippe Randa (3) : « Des rescapés de l’Epuration : Marcel Déat – Georges Albertini » (Ed. Dualpha). Le premier de ces auteurs fut un bras droit de Déat, fondateur du Rassemblement National Populaire et ministre du Travail et de la Solidarité nationale (ce qui ne s’invente pas pour une période de chasse aux juifs). Condamné aux travaux forcés à vie, Gaucher a été libéré dès 1948 tandis que son mentor, impuni, décédait à Turin en 1955.

Fin de cet échantillon sur les quelques 200 livres proposés par la FNAC, mais pour d’aucuns aussi par Amazon.fr ou encore par Chapitre.com… (4)