« Le soleil voilé » de Paul Schaffer

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Dossier n°

« Le soleil voilé » de Paul Schaffer

 

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Dans ses souvenirs et sur son site internet, Paul Schaffer accomplit, page après page, un devoir bouleversant.

 

Son soleil fut définitivement voilé par la Shoah.

Paul Schaffer, Vice-Président du Comité Français pour Yad Vashem, est un rescapé d’Auschitz. Au camp annexe de Brobek, Simone Veil a connu cet adolescent comme ce n’est possible nulle part ailleurs. Et elle en a gardé un souvenir si vivace et si réconfortant qu’elle a rédigé une longue et sincère préface à la publication de :

– Paul Schaffer, « Le Soleil Voilé. Auschwitz 1942 – 1945 », Société des Ecrivains, 2003. Pour un accès direct : consulter son site http://www.schafferpaul.com/.

Simone Veil :

– « Pour Paul Schaffer, c’est surtout le sentiment d’un devoir à accomplir avant de disparaître, quelles que soient les difficultés et la douleur que ce travail d’écriture et de mémoire lui ont imposés, qui l’a conduit à écrire le présent ouvrage… Il ne s’agissait pas seulement de parler de la période particulièrement cruelle de sa vie, les persécutions en Autriche, la fuite en Belgique, l’exode vers la France, des années de vie clandestine, l’arrestation, la déportation avec sa mère et sa sœur, qui ont été gazées dès leur arrivée à Auschwitz. Il tenait aussi à évoquer la vie de famille avec sa sœur, ses parents et grands-parents ainsi que tous ceux qui avaient fait partie de son existence d’enfant, lorsqu’ils habitaient à Vienne avant l’anschluss. A tous, à travers son récit, il exprime sa reconnaissance pour le bonheur qu’ils lui ont donné et dont il a toujours conservé le souvenir au fond de son cœur, certes avec tristesse, mais aussi une très grande tendresse…
(…)
Paul avait alors dix-neuf ans. Bien que déporté déjà depuis près de deux ans dans un autre camp proche d’Auschwitz, il avait su préserver des qualités humaines tout à fait exceptionnelles qui contrastaient avec l’ambiance de brutalité qui régnait dans le camp. Sa dignité, sa gentillesse vis à vis de tous, une certaine forme de civilité, m’apparaissent encore aujourd’hui comme la plus belle victoire sur un système concentrationnaire conçu pour nous humilier et nous réduire à un état quasi-bestial.Même s’il pressentait que sa mère et sa sœur, comme la plupart des déportés de leur convoi, avaient été gazées dès leur arrivée à Auschwitz, il ne s’est pas abandonné au désespoir. Il voulait survivre, il l’a fait sans jamais s’abaisser à quoi que ce soit et en cherchant toujours à aider les autres… »


Revel : Paul Schaffer, ses parents et sa soeur Erika. (Photo : « Mémorial de la Shoah, photographies et témoignages ». Ed. du Chêne, 2005)

 

 

Pour ce blog, Paul Schaffer a choisi ce résumé de ses mémoires :

– « Né et élevé à Vienne, Paul Schaffer a vécu une enfance heureuse, entouré de sa sœur, ses parents et sa grand-mère. Sa vie change brutalement avec l’occupation de Vienne par les nazis et l’annexion de l’Autriche. Il découvre les humiliations, les persécutions et s’exile une première fois avec sa famille en Belgique.

En mai 1940, les Allemands attaquent la France par la Belgique et la Hollande. La famille Schaffer décide de quitter Bruxelles et se rend à Revel, un village du Sud-ouest de la France, non loin de Toulouse. La vie s’organise peu à peu : Paul, apprend le métier d’ébéniste.
A la fin de l’année 1940, les Schaffer sont « invités » à rejoindre « un camp de famille », le camp d’internement d’Agde, essentiellement composé de Juifs réfugiés d’Allemagne et d’Autriche. Une amie de la famille, habitante de Revel, use de son influence auprès de la préfecture, permettant ainsi à la famille de quitter le camp pour être assignée en résidence surveillée. Les Schaffer, peu informés, ne cherchent pas à quitter la France et ne se doutent pas du sort qui les attend.

A la suite de la rafle du Vel’ d’Hiv’, les Allemands font pression sur Laval, alors à la tête du gouvernement de Vichy, pour que les Juifs étra ngers de la zone Sud soient ajoutés à la liste des déportations. C’est ainsi que Paul est arrêté le 26 août 1942. Après une tentative d’évasion, il est repris 2h plus tard, rejoint ses parents et sa soeur, conduit à DRANCY où il reste quelques jours. Sur les murs il relève plusieurs inscriptions gravées par des déportés qui le marqueront à jamais : « Lorsqu’il n’y a plus rien à espérer, c’est là qu’il ne faut pas désespérer » et une autre assertion tragique « on entre, on crie et c’est la vie ; on crie, on sort et c’est la mort ».
Le 4 septembre 1942, par le convoi 28, Paul est déporté à Auschwitz avec sa mère et sa sœur qui sont gazées dès leur arrivée. Il échappe à ce sort : il est interné dans deux camps de travaux forcés, satellites d’Auschwitz : Tarnovitz, puis Schoppinitz de là il arrive Birkenau en novembre 1943. C’est là qu’il se trouve confronté à la réalité de l’extermination.

Au terme d’un insupportable séjour de six mois, Paul est transféré sur le site de Bobrek, où la société Siemens, profitant de la main d’œuvre bon marché, dispose d’une usine construite par des déportés. Les conditions y sont beaucoup moins pénibles qu’à Birkenau.
En janvier 1945, Paul participe à la « marche de la mort » vers le camp de Gleiwitz. Il est ensuite transporté vers l’ouest dans un wagon à ciel ouvert, mais réussit à sauter du train avec un ami et rejoint après quelques jours le front germano-soviétique. En attendant d’être rapatriés en France par l’armée française, Paul et son ami resteront à Cracovie jusqu’au mois d’avril 1945, heureux d’être libres à nouveau.

Une fois en France, Paul retourne à Revel, lieu de son arrestation. Il y apprend la mort de son père et découvre ce qui s’est passé durant la guerre. Au bout de deux mois, il quitte Revel pour Toulouse. Il obtient une bourse et reprend ses études en 1945. il entamera une brillante carrière d’industriel, après avoir été enseignant dans une école juive de l’ORT (Organisation,Reconstruction, Travail ).

A la demande des élèves auprès desquels il a témoigné, Paul a pris la décision de raconter son histoire dans un livre bouleversant et authentique intitulé Le soleil voilé (éd. Société des Ecrivains, 2003). »

Paul Schaffer