Un 67ème nom sur la liste des policiers et gendarmes JUSTES PARMI LES NATIONS

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Dossier n°

12773A

Un 67ème nom sur la liste des policiers et gendarmes JUSTES PARMI LES NATIONS


Après l’avoir attribué voici peu de temps au gendarme André Martin, l’Institut Yad Vashem vient de décerner le titre de « Juste parmi les Nations » (dossier n° 12773 A) au commissaire de police Gérard Persillon. Son nom vient s’ajouter à ceux des 66 autres policiers et gendarmes qui, à ce jour, ont déjà reçu ce titre de « Juste » pour avoir osé désobéir, pour avoir eu le courage, parfois au péril de leur vie, de sauver des personnes juives sous l’Occupation nazie.  Voici, brièvement relatée, l’action salvatrice de ce commissaire et résistant en poste à Limoux (Aude) à l’égard de Perla Hauszwalb, une jeune fille juive originaire de Pologne. 

En janvier 1933, après le décès de son mari Moszek, Mme Mala Hauszwalb quitte la Pologne avec ses cinq enfants (trois filles et deux garçons) pour venir à Paris rejoindre des membres de sa famille commerçants chapeliers.  La fille aînée Hélène et les deux garçons travaillent bientôt dans l’atelier de leur oncle.

En juillet 1942, le jour de la rafle du Vel’ d’Hiv, Perla, la cadette (elle a alors 14 ans) a rendez-vous avec sa mère et sa soeur devant la station de métro Hôtel de Ville. Ne les voyant pas venir, Perla rentre à la maison pour découvrir que des scellés barrent la porte. Elle se rend alors au commissariat où on lui recommande de « partir vite ». Après la guerre, Perla apprendra que sa mère et sa soeur ont été conduites à Drancy puis déportées le 24 juillet 1942 pour ne jamais revenir.

La jeune Perla se cache d’abord chez sa tante Fanny qui l’envoie en zone libre rejoindre à Carcassonne ses oncles Henri et Maurice ainsi que son frère Shlomé réfugiés là-bas. Après une vaine tentative pour prendre un bateau vers les Etats-Unis, l’oncle Maurice parvient à placer Perla comme pensionnaire au collège de Limoux (Aude). Cela grâce à la directrice Mme Germaine Rousset qui n’ignore rien de la situation de l’adolescente. Encore faut-il pouvoir disposer de faux papiers pour masquer cette situation que l’occupation de la zone libre à partir de novembre 1942 rend plus que jamais périlleuse.

C’est là qu’intervient le jeune commissaire de police de Limoux. Il s’appelle Gérard Persillon. Alors âgé de 22 ans, nommé commissaire de police depuis peu (le 8 juillet 1942), il fournit en toute connaissance de cause une vraie-fausse carte d’identité à Perla qui va rester au collège jusqu’à la Libération. Dénoncé, son oncle Maurice est déporté et assassiné au camp de Majdanek.

Perla Auszwalb s’est mariée, a aujourd’hui des enfants et des petits-enfants. Elle est revenue en 1998 à Limoux où elle a rencontré des amis et amies avec lesquels elle avait traversé cette triste époque au collège.

Le commissaire Gérard Persillon, quant à lui,  s’engage très vite dans la résistance. Membre du SSMF-TR et de l’AS, il accueille et assure la sécurité d’agents venus d’Alger, fabrique et fournit de faux-papiers, recueille de précieux renseignements (dont des informations qui sauvent le maquis de Picaussel), organise des passages clandestins à la frontière espagnole (dont celui d’un groupe de l’anncienne unité du général de Lattre). Informé de son arrestation prochaine, il fuit vers l’Espagne et Barcelone le 26 mai 1944 avant de rejoindre la France Libre à Alger. Après-guerre, il poursuit sa carrière dans la police. Il prend sa retraite en juin 1975, étant alors en poste à la direction départementale des polices urbaines à Marseille.

Article lié au Dossier 12773A