1942 : le drame des enfants de la villa Suzanne

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Dossier n°

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1942 : le drame des enfants de la villa Suzanne

Raflés, le reste de leurs familles était parti d’Angers pour Auschwitz en juillet 1942. Une dizaine d’enfants juifs, âgés de 2 à 14 ans, ont été hébergés aux Ponts-de-Cé, avant d’être déportés à leur tour, deux mois après.

Franck Marché montre le nom de son grand-père, arrêté à Saumur et déporté en juillet 1942.

 

L’histoire

Il aura fallu l’obstination d’un homme. Ancien instituteur du Saumurois, Franck Marché est celui qui a retrouvé l’emplacement de la villa Suzanne. C’était il y a plus de dix ans, alors qu’il faisait du porte-à-porte aux Ponts-de-Cé, pour localiser les lieux où furent « hébergés » une dizaine d’enfants juifs pendant la guerre. Ceux-ci étaient restés seuls après la déportation de leurs parents, durant l’été 1942, par le convoi n° 8.

« Ces enfants, dont les nombreux parents étaient déjà partis d’Angers pour Auschwitz, ont été confiés, sur ordre de la feldgendarmerie allemande, à un couple qui demeurait aux Ponts-de-Cé, rue Diderot. Les Fajgenbaum, lui était juif, elle non. De sorte que le mari a été déporté en septembre 43 », souligne Franck Marché.

Un lieu emblématique de la Shoah

A la villa Suzanne, Annie Gurwicz et Samuel Heller, tous deux âgés de 4 ans, Esther Behar, 10 ans, Claude Poulner, 12 ans, Maud Levy, 14 ans, Isaac Ellert, 11 ans, Roger Czyzewski, 6 ans, et sa soeur Sylviane, 2 ans, ainsi que Régine Smulevici, 8 ans, et sa soeur Colette, 6 ans. S’y ajouterait le nom de Monique Liebling, 5 ans. Et de Nadine Najman, 11 ans, une jeune fille recueillie par une institutrice, avant d’être placée là par la gendarmerie.

Un autre nom encore, celui de Michel Lerich, 4 ans. Lui partira par le convoi n°80, vers le camp de Bergen-Belsen. Il reviendra vivant en 1945.

Coincée entre la Loire et le Louet, la maison des Ponts-de-Cé est un lieu emblématique de la persécution des juifs dans le Maine-et-Loire. Les enfants qui y ont séjourné de juillet à septembre 42 n’y ont pas vécu cachés. D’autres l’ont été, sauvés par des familles dont les membres sont devenus après la guerre Justes parmi les nations (1). Isaac, Régine, Esther et les autres ont été rassemblés là au bon vouloir de leurs bourreaux.

Une institutrice d’Angers avait coutume de venir rendre visite aux enfants. Elle servait de liaison entre les amis de chaque petit. « Une bande joyeuse » selon elle, unie dans l’espoir de retrouver rapidement leurs parents respectifs.

Tous assassinés à Auschwitz

À la suite de la demande du chef du gouvernement, Pierre Laval, les autorités allemandes vont ordonner de déporter à leur tour les jeunes juifs de moins de 16 ans. Dans un rapport sur les circonstances de cette déportation rédigé en 1958, l’institutrice raconte: « J’apportais tout ce qu’il fallait prévoir pour l’hiver et le voyage. Chacun des enfants emportait quelques gâteries pour la maman ou le papa. Quelle joie j’ai pu voir dans cette maison aux approches du départ ! » Avant de conclure: « Un matin où j’y retournai, la maison était vide. »

Le 20 septembre 1942, les enfants seront dirigés vers le camp d’internement de la Lande, près de Tours (Indre-et-Loire). De là, ils rejoindront Drancy, puis Auschwitz-Birkenau le 26 septembre. Ils seront aussitôt assassinés dans les chambres à gaz.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, 11 000 enfants juifs de France ont été exterminés.

Benoît ROBERT.

source: http://www.laval.maville.com/actu/actudet_-1942-le-drame-des-enfants-de-la-villa-Suzanne_fil-2203315_actu.Htm du 29/08/2012