« Les Allemands devenaient méchants »

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Dossier n°

9675

« Les Allemands devenaient méchants »

Du 28/09/2013

 

 

 

 

Mme Bochereau : « Après les moments de peur, ce 31 août 1944, la joie l'emporte. » |
Henriette Bochereau vit aussi à Ragon. Pendant la guerre, elle était jeune ouvrière maroquinière dans le Choletais. Avec sa mère, Henriette également, à Saint-André-la-Marche, elle a hébergé la petite juive Edith Prymak pendant un an, en 1939 et 1940, puis pendant plus de deux ans de juillet 1942 à août 1944.

Les Allemands devenaient méchants. C’est à ce signe que j’ai senti que la Libération était proche. Pour moi, leur réaction violente était une réaction de peur. Le jour même de la libération de Cholet, ils sont entrés dans notre maison et ont tiré des coups de feu. Ils n’ont trouvé que mon frère, très malade. Nous avions caché Edith.

C’est une des rares journées de cette période de guerre où elle n’a pas eu le droit de sortir. Les Allemands étaient peu nombreux à Saint-André-des-Bois. Ils étaient surtout à Saint-Macaire. En fait, on les ignorait et Edith allait à l’école comme les autres enfants. Je la faisais passer pour ma nièce. Mais les 900 habitants du village, très familial, n’étaient pas dupes. Le maire lui-même avait répondu favorablement à une demande de ma mère. Il a fait ce qu’il fallait pour la petite car ma mère était très respectée dans le village. Elle avait par exemple sermonné le boulanger qui avait refusé du pain à un jeune couple avec deux petits enfants qui vivaient dans la plus grande misère.

Pendant le séjour d’Edith chez nous, tout s’est bien passé. Edith n’a jamais manqué de rien. Mais je m’étais attachée à cette enfant. Alors quand sa mère, restée seule après la disparition de son époux dans les camps de la mort, est venue deux ou trois jours après chercher Edith, ce fut un moment douloureux. Mais nous sommes restées très liées. La mèred’Edith est décédée il y a cinq ans. Je suis allée voir Edith en Israël et elle m’a promis de venir ici l’an prochain fêter mes 95 ans. Alors, oui, ce 31 août 1944, après des moments de peur, c’est la joie qui l’emporte. »