Versailles : les lycéens honorent les Justes parmi les nations

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Dossier n°

9591C

Versailles : les lycéens honorent les Justes parmi les nations

Du 12/10/2018

 

 

 

 

Versailles, vendredi 12 octobre. Six lycéens du lycée Marie Curie, avec leurs professeurs – Caroline Grenier et Alexandre Millet (à gauche) – ont travaillé sur un épisode de la guerre qui s’est déroulé à côté de leur établissement. LP/L.M.
Six élèves du lycée Marie Curie ont travaillé sur la mémoire de deux sœurs catholiques qui ont caché des enfants juives entre 1942 et 1945.

Ils seront aux premières loges. Six élèves de terminale ES du lycée Marie Curie de Versailles prononceront chacun, ce dimanche 14 octobre, un discours lors de l’apposition de la plaque des « Justes parmi les nations » au sein du Couvent du Sacré-Cœur de Jésus.

La cérémonie honorera Marthe Delesalle et Marguerite Olivier, respectivement Mère supérieure et Sœur de ce couvent durant la guerre. La première, décédée depuis, et la seconde, à la santé fragile, ont caché une dizaine d’enfants juifs sous l’Occupation. Les deux religieuses ont été reconnues « Justes parmi les nations », un titre remis par le comité Yad Vashem en 2001.

Samuel Sandler, président de la communauté juive de Versailles, Latifa Ibn Ziaten, mère d’un soldat assassiné par Mohammed Merah en 2012 à Toulouse et Pierre-François Veil, fils de Simone Veil et président du comité Yad Vashem en France, seront présents.

Véra, 85 ans, à l’origine de la distinction de ses sauveuses

L’événement a déclenché le besoin d’un travail de mémoire auprès des lycéens versaillais. « Il m’a semblé très important de les impliquer pour que la jeunesse s’approprie l’histoire afin que l’inacceptable, quelle que soit sa forme, ne se reproduise plus », explique Annick Bouquet, cheville ouvrière de cette commémoration.

L’appel de cette adjointe au Maire, déléguée à la Petite Enfance, a été entendu par le lycée Marie Curie, le plus proche du couvent où les deux Sœurs ont agi, au risque de leur vie, pour protéger Vera Goldmann, une citoyenne américaine aujourd’hui âgée de 85 ans, à l’origine de la distinction. Cette octogénaire a perdu ses parents et sa sœur, citoyens versaillais à l’époque, qui furent raflés en 1944 avant de quitter Drancy pour Auschwitz par le dernier convoi.

Tout est allé très vite pour les lycéens, saisis en juillet 2018 pour plancher sur ce sujet. Caroline Grenier, professeur d’histoire-géo, et Alexandre Millet, enseignant de philosophie, ont sauté sur l’occasion. « Le choix des terminales s’imposait car la mémoire de la 2e guerre mondiale est au programme. D’autre part, certains d’entre eux ont des choses à dire », suggère Caroline Grenier.

« Force, courage et générosité »

C’est le moins que l’on puisse dire. Cet épisode fait écho aux interrogations de ces ados âgés de 17 ans. Surtout lorsque Samuel Sandler est venu les rencontrer, le 28 septembre au lycée. « C’était très poignant. Il a parlé de la guerre mais aussi de son fils et ses petits-enfants morts sous les balles dans un attentat à Toulouse », lâche Alice Julou. « Moi, je l’avais déjà vu car j’ai assisté au procès Merah en 2017 à Paris », souligne Gabriel Dandel qui se verrait bien avocat plus tard.

Tous ont réfléchi au sens de ces faits. « Cela s’est passé à 1 km de chez nous en 1944, près géographiquement et loin dans nos mémoires. Mais l’attentat de Toulouse, c’est notre époque », résume Maureen Dujon. Dans les mots qu’elle prononcera dimanche, Marguerite Castanet dira qu’elle aurait voulu « être à côté » des sœurs à l’époque pour leur dire qu’elles avaient « raison ». La timide Amandine Vivet n’hésitera pas à souffler qu’elle veut « comprendre » et se sent « concernée » par ce drame. Enfin, Alix Etienne martèlera que Mère Annette et Sœur Marguerite ont fait preuve de « force, courage et générosité ».

Laurent Mauron