Brive – L’une de ses petites-filles, Agnès Brot, publie A la recherche d’Edmond Michelet

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Dossier n°

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Brive – L’une de ses petites-filles, Agnès Brot, publie A la recherche d’Edmond Michelet

Du 11/03/2014

 

 

« L’ambiance à la maison était détendue. Papamond attachait une grande importance à l’union entre nous, les enfants. Il détestait les disputes et nous obligeait à nous réconcilier en cas de discorde ».? – Archive personnelle tirée du livre(Le Passeur édit

 

C’est Christiane Michelet qui raconte, dans une longue lettre à son petit-fils Vianney. C’est sa fille, Agnès Brot, qui tient la plume de ce récit plein de tendresse et de vie.

De Marcillac (un hameau de Brive) à Paris, de Pau à Quimper, le bonheur conjugal et le parcours politique du briviste Edmond Michelet (illustre résistant, gaulliste convaincu, plusieurs fois ministre) se dessine sous la plume de l’une de ses petites-filles.

Pourquoi avoir écrit ce livre ? Ma mère commence à vieillir. Tous, nous avons baigné dans ce monde ; ça ne peut pas être neutre d’avoir eu des grands-parents et des parents pareils. Il y a des bassesses qu’on ne peut pas faire… Je me suis dit qu’il y avait peut-être des choses à creuser pour en faire profiter le plus de monde… J’ai interrogé ma mère plusieurs fois par jour ; je me suis appuyée sur les lettres que mes grands-parents s’écrivaient, parfois deux par jour, et sur le journal intime de ma mère. À travers toutes ces mines, j’ai essayé de rendre l’ambiance de la famille le plus justement possible.

Dans le livre, on la découvre unie, ouverte, engagée. Qu’est-ce qui la fondait, cette famille ? Un lien très fort unissait mes grands-parents ; Papamond faisait à Mamé des déclarations d’amour qui n’ont jamais cessé… C’est beau et ça construit. Ça met la barre très haut, mais c’est positif. C’était un modèle, mais il y en a d’autres possibles…

Personnellement, j’étais très proche de Mamé ; comme elle, je vivais à Marcillac. Mais, quand on était enfant, on ne se posait pas de question. On croyait que c’était partout pareil. Jamais je n’ai eu conscience d’avoir affaire à des gens exceptionnels. Jusqu’à ce que j’entre à l’université, j’étais persuadée que les adultes étaient des gens parfaits !

Mon grand-père n’était pas un homme parfait. Il était coléreux, impulsif, mais il était aussi très bon, tendre, souriant, généreux ; il regrettait ses emportements. Surtout, il était un homme juste, dont ma grand-mère a été l’équilibre.

Dans ce couple, quelle était la place de votre grand-mère ? Elle fait figure de femme emblématique… Mamé a eu la vie qu’elle voulait, avec l’homme qu’elle voulait. Elle a assumé et a eu la chance d’avoir un mari aussi amoureux fou et il aimait sa fantaisie. Elle avait aussi une grande liberté. Les gens qui parlent aujourd’hui de la libération des femmes, ça me fait rire… Mme Michelet, comme Mme De Gaulle, restaient à leur place mais elles avaient une influence énorme. Mamé donnait son avis sur tout, même quand on ne lui demandait pas.

La religion tenait une part essentielle dans leur mode de vie et d’action ?Tout passe dans leur vie à travers la foi. Mon grand-père aimait Dieu et les hommes. Quand vous vivez pour quelque chose au-dessus de vous, cela remet les choses à leur place, ça donne une vie plus en profondeur. La foi est indissociable de leur amour conjugal ; elle a donné une dimension à leur vie, qui leur a permis de se dépasser. À Dachau ou en politique, mon grand-père n’aurait pas fait ce qu’il a fait sans la foi. Mamé, elle, croyait en la Providence ; c’est ce qui l’a fait tenir toute sa vie.

Regrettez-vous que Michelet ne soit pas davantage connu ? Beaucoup de gens ont ‘uvré dans l’ombre, ça n’a pas d’importance… Les gens qui veulent le connaître le peuvent. De toute façon, mon grand-père n’avait pas envie d’être un exemple. Il a juste agi selon sa conscience, sans se demander s’il était un modèle… Pour Charbonnel en tout cas, c’est ce qu’il a été.

Son nom reste attaché à Brive. Que représente cette ville pour la famille Michelet ? Le jardin de Marcillac a été un point de repère ; tous les petits-enfants, nous avons été élevés dans la détestation de la capitale, ce que ressentait Mamé. Au point qu’aujourd’hui, on a quelques remords à aimer Paris.

Personnellement, Brive n’est pas mon idéal, mais je suis obligée de dire que je suis Briviste. Avec l’âge, j’y suis plus attachée qu’avant. À l’enterrement de Charbonnel par exemple, j’ai eu plaisir à être avec ceux qui étaient présents, en Briviste. Nous avons tous, dans la famille, conscience de ces racines.

Pratique. À la recherche d’Edmond Michelet, par Agnès Brot (Le Passeur Éditeur). D’après les souvenirs de sa fille aînée. Préface de Claude Michelet.

Blandine Hutin