Clichy : Yvonne et Edmond ont sauvé trois juifs pendant la guerre
Du 29/03/2019
Clichy : Yvonne et Edmond ont sauvé trois juifs pendant la guerre
Les deux fils de Rachel rendront hommage dimanche à la mémoire de ce couple de Clichy qui a caché leur mère, leur tante et son fils à partir de l’hiver 1942 et jusqu’à la Libération.
Pour les voisins du 77, rue de Paris, à Clichy, Esther était madame Germaine et sa sœur Rachel madame Raymonde. Des noms d’emprunt trouvés par Yvonne, qui dans le chaos de la France occupée, décida de venir en aide aux deux jeunes femmes et à Serge, 10 ans, le fils d’Esther.
Ce dimanche matin à 10h30, une plaque commémorative en mémoire d’Yvonne et de son mari Edmond Fournier sera dévoilée devant le 11, rue Pasteur, immeuble tout proche où les Fournier se sont ensuite établis, laissant l’appartement de la rue de Paris à Rachel et Esther. Une cérémonie qui intervient dix ans après la médaille de Justes parmi les Nations décernée au couple à titre posthume. Cette distinction est décernée par l’Etat hébreu à des personnes non juives qui, au péril de leur vie, ont aidé des Juifs persécutés par l’occupant nazi.
« Yvonne et Edmond, c’est notre famille »
Si les deux sœurs sont seules, c’est parce que le mari d’Esther, Zélik, a été arrêté dès mai 1941. Et déporté à Auschwitz en juin 1942 dans l’un des tout premiers convois. « Nous n’avons jamais connu notre oncle, il a été tué dès son arrivée », racontent Jean-Pierre, né en 1946 et Roland, en 1948.
Leur père, Roger, échappe aux camps de concentration. « Il était soldat français et a été mobilisé une semaine après son mariage. Et capturé en 1940 à Dunkerque. Il a donc passé la guerre comme prisonnier militaire », raconte Roland, qui possède toujours le bracelet de soldat son père. Lequel ne découvrira qu’en mai 1945 l’existence des Fournier.
Yvonne et Rachel. DR.
Un portrait photo pour échapper à la Gestapo
Des histoires et des anecdotes racontées par leur mère, disparue en 2016 à l’âge de 102 ans, il en existe de nombreuses. Comme celle liée au portrait de Rachel et Serge.
« Ils étaient boulevard Bonne-Nouvelle à Paris et se sont précipités chez un photographe en voyant des agents de la Gestapo qui arrêtaient des passants. Le photographe a alors conseillé à ma mère d’aller se maquiller tranquillement dans la pièce du fond car il avait encore des choses à faire », raconte Roland, persuadé que le photographe leur a ainsi sauvé la vie.
Paris, 25 mars 2019. Roland et Jean-Pierre, fils de Rachel, cachée pendant la guerre à Clichy par Yvonne et Edmond Fournier.
Dans les albums souvenirs, les photos des deux familles se mélangent et racontent la même histoire. Un devoir de mémoire essentiel pour les deux frères qui redécouvrent un cliché d’eux, enfants, sur les allées Gambetta. « Nous avons passé quelques années dans le minuscule appartement de la rue de Paris, quand notre père avait son atelier de confection un peu plus bas dans la rue », se souviennent-ils.
Ce n’est qu’en 1953 qu’ils quittent Clichy pour s’installer rue des Francs-Bourgeois, à Paris. « Mais on revenait souvent pour voir les Fournier et nous sommes aujourd’hui encore en contact avec les petits-enfants d’Yvonne », insistent-ils. Même s’il ne reste désormais plus qu’eux pour raconter l’histoire d’amitié entre Yvonne, Rachel et Esther dans un Paris occupé. Et le courage exemplaire de cette Clichoise.
Article lié au Dossier 11544