Juste parmi les Nations. Alexandre Dubos honoré à titre posthume
Du 14/10/2018
Shimon Mercer Wood, porte-parole de l’ambassade d’Israël a remis aux petits-enfants d’Alexandre Dubos, Paul, Catherine et Alexandre, la médaille et le diplôme du titre de Juste parmi les Nations. © Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/ga
70 ans plus tard, Alexandre Dubos, décédé en 1957, qui fut maire de Gausson de 1941 à 1944, a été honoré du titre « Juste parmi les Nations », la plus haute distinction décernée par l’État d’Israël à des personnes non juives, lors d’une cérémonie teintée d’émotion, organisée ce dimanche dans sa commune. Une belle reconnaissance pour cet homme qui a sauvé la famille juive Rubin, de la barbarie nazie.
1941, Alexandre Dubos, le nouveau maire de Gausson, signe de faux papiers d’identité à Fanny Rubin pour la protéger elle et ses enfants. Elle devient Fernande Rubin, née à Bayeux, ville dont les archives administratives ont été bombardées. Ça lui évite de porter l’étoile de David.
Fanny Rubin, vient de s’installer à Cargo, en Gausson, avec ses deux enfants, Rachel, né en 1934, et Simon, né en 1939, pour fuir les rafles qui s’intensifient à Paris où ils vivent. Son mari, Jacques, était alors prisonnier. Par chance, ses voisins de palier, Victorine et Gino Monti lui proposent de partir en Bretagne, vivre dans une maison appartenant à Thérèse Rochard (qui s’appellera ensuite Durandet), la belle-sœur de Victorine. Sans attendre Fanny s’y installe.
Un secret bien gardé
« Le maire savait ce qu’il risquait », a souligné Shimon Mercer Wood, le porte-parole de l’ambassade d’Israël en France, présent à la cérémonie en l’honneur d’Alexandre Dubos. Mais il ne douta pas. Plus surprenant, il gardera le secret toute sa vie, sans même le révéler à sa propre famille. « Si les Allemands avaient appris que Fanny Rubin se cachait là avec ses enfants, nous n’aurions pas les familles de Rachel et de Simon, là, aujourd’hui », a rappelé Shimon Mercer Wood.
« Cet acte héroïque de notre aïeul, nous ne l’avons appris qu’en 2015, lorsque Simon Rubin a constitué le dossier de demande du titre de Juste pour l’honorer », livre un arrière-petit-fils d’Alexandre Dubos, qui porte son nom et s’exprime de la part de toute la famille. Lui-même, Simon Rubin, l’apprit tard. « Après la mort de maman, j’ai trouvé la fausse carte d’identité signée de ce maire, dans une malle », raconte-t-il.
Un membre de chacune des deux familles, Rubin et Dubos, que l’histoire a lié, s’est exprimé lors de la cérémonie.
Un homme humble
« Alexandre Dubos était un homme discret, simple, il était agriculteur, le décrit sa famille. Il avait une certaine culture et aurait aimé faire d’autres études ». Ses petits-enfants se souviennent d’un homme qui était proche d’eux, qui leur offraient des friandises le dimanche.
Et surtout, c’est grâce à lui que les enfants de Fanny ont eu une enfance normale, tous deux ont été scolarisés à Gausson. La famille Rubin a pu y vivre tranquillement jusqu’en 1946. Lorsque Jacques Rubin a été libéré, ils ont pu rentrer à Paris.
L’ancien maire a même fait plus que de signer des papiers. Quand Mme Gicquel, préposée à la Poste, apprend que Jacques Rubin se trouve dans le même stalag qu’Henri Fourchon, un des fils du village, Alexandre Dubos la prie de lui envoyer des colis de nourriture, comme elle le fait pour Henri tous les mois.
Tous les Gaussonnais ont gardé le silence
« On remercie aussi tous les Gaussonnais », ajoute Simon Rubin. Grâce à leur silence, parfois leur aide, la famille Rubin a pu continuer de vivre. Il pense plus particulièrement à Thérèse Durandet, qui avait prêté sa maison. Il a offert des fleurs à sa fille Nicole Aquaviva lors de la cérémonie. Il n’oublie pas la famille Philippe et bien d’autres.
Désormais, le nom d’Alexandre Dubos apparaîtra sur le mur d’honneur du jardin des Justes parmi les Nations, à Yad Vashem, à Jérusalem et à Paris, dans l’allée des Justes, près du Mémorial de La Shoah, rue Geoffrey-l’Asnier. Un nom que la famille Rubin n’oubliera jamais.
Article lié au Dossier 13527