Pontault-Combault : leurs grands-parents ont sauvé un garçon de 10 ans des nazis

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Dossier n°

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Pontault-Combault : leurs grands-parents ont sauvé un garçon de 10 ans des nazis

Du 16/11/2018

 

 

 

 

 

Vert-Saint-Denis, ce jeudi. Chantal (à droite) et Dominique, deux des trois petites-filles de Marcel et Maximilienne Nadaud, avec les photos de leurs grands-parents et de Jean Zylber à 14 ans. LP/Sébastien Blondé
Les petites-filles de Marcel et Maximilienne Nadaud vont recevoir en leur nom le titre de «Justes parmi les nations ».

C’est l’histoire d’un petit garçon juif de 10 ans, caché des nazis à Pontault-Combault pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses sauveurs : Marcel et Maximilienne Nadaud. Respectivement décédés en 1966 et 1964, ils seront honorés ce dimanche matin, lors d’une cérémonie au cours de laquelle le titre de «Justes parmi les nations » leur sera remis, via leurs trois petites-filles.

L’aînée, Chantal, 71 ans, vit à Vert-Saint-Denis, où elle est élue locale. Ce jeudi, elle héberge Dominique, 62 ans, venue des Yvelines. En attendant, Françoise, 70 ans, qui arrive ce vendredi de Dordogne pour la cérémonie, Chantal et Dominique replongent dans leurs souvenirs.

Paris, Jardin des tuileries. Sur cette photo prise dans les années 1950, Chantal (à gauche) et Françoise entourent Jean Zylber. DR

Ce petit garçon, Jean Zylber, a aujourd’hui 85 ans et habite à côté de Marseille (Bouches-du-Rhône), après une carrière de scientifique au CNRS. C’est lui qui a réalisé les démarches pour honorer ses parents adoptifs. Il sera là dimanche.

Le garçon ne sort pas car la Kommandantur est basée à proximité

Chantal, Françoise et Dominique n’ont bien sûr pas connu cette époque où Jean, petit Parisien en vacances à Pontault-Combault en juillet 1942, a dû être dissimulé par leurs grands-parents qui le gardaient en nourrice. Ils l’ont fait à la demande de ses parents, qui avaient prévu de revenir le chercher après leur fuite. Finalement déportés à Auschwitz, ces derniers sont décédés en décembre 1943.

Jean Zylber (ici en juillet dernier) sera présent ce dimanche, à Pontault-Combault. Il vit aujourd’hui près de Marseille. DR

Jusqu’à la Libération, Jean vit chez les Nadaud, déjà parents de Roger, 20 ans, rue du Bois Saint-Martin. Au début, le petit garçon ne sort pas. Ou uniquement la nuit, car la Kommandantur se trouve dans le château de Madame-Sans-Gêne, près de l’école, non loin de chez les Nadaud.

Il peut finalement aller à l’école, où seuls le directeur et le médecin sont au courant de la situation. Marcel et Maximilienne l’élèvent alors comme leur second fils. Il ne partira qu’en 1947, aux Etats-Unis où sa tante souhaite l’accueillir. Il y suit des études et revient en France en 1959.

« C’était simplement Jeannot, notre tonton d’Amérique »

« C’était simplement Jeannot, notre tonton d’Amérique. Il a toujours fait partie de notre vie. Il nous taquinait et nous gâtait beaucoup », se souvient Chantal, qui avait une dizaine d’années à l’époque. « Il m’avait envoyé un cheval à bascule sur ressort, ça n’existait pas en France », se rappelle Dominique.

Les trois sœurs ont appris l’acte de leurs grands-parents assez tôt. «Mais ils n’en parlaient pas, notre père (NDLR : Roger, décédé en 1989), non plus et puis, on ne posait pas de question », poursuit l’aînée. Pour elles, Jean, de toutes les réunions de famille, est simplement leur oncle.

Ce n’est qu’assez récemment que le voile a été totalement levé, sous l’impulsion de Jean Zylber lui-même. «Il y a cinq ans, à son 80e anniversaire, il a sorti une valise avec plein de documents, de correspondances de l’époque entre notre grand-mère et ses parents en fuite. Là, on a tout découvert en détail. »

Fières de leurs grands-parents, Chantal et Françoise admirent leur courage. « Ils étaient très humbles. Ils n’attendaient pas de reconnaissance, témoigne Dominique. Mais c’est un beau geste de la part de Jean. »

Marcel Nadaud. DR

Maximilienne Nadaud. DR

Sébastien Blondé