Soues – Un Souessois reconnu «Juste»

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Dossier n°

12674

Soues – Un Souessois reconnu «Juste»

Du 19/01/2015

 

 

 

 

Henri Knopf tient le portrait de son sauveur Dominiqe Lapierre

La médaille des Justes parmi les nations a été remise à titre posthume à Dominique Lapierre qui a protégé Henri Knopf, jeune homme juif, durant la Seconde Guerre mondiale. Un hommage plein d’émotion.

Un peu plus d’une semaine après les événements qui ont secoué la France, cette cérémonie avait un écho particulier, comme l’a souligné notamment la députée Jeanine Dubié. Son histoire, poignante, nous montre que la France est avant tout un pays de liberté et de fraternité. Fuyant les rafles de juillet 1942 à Paris, la famille Knopf, originaire d’Autriche et d’Allemagne, franchit la ligne de démarcation et se réfugie à Cauterets. C’est dans la station thermale qu’elle fait la connaissance du docteur Lardé qui a pour ami Dominique Lapierre, habitué des cures à Cauterets depuis qu’il a été gazé lors de la Grande Guerre. Le docteur Lardé demande à Dominique Lapierre, propriétaire, éleveur et entraîneur de chevaux, de prendre sous sa protection Henri Knopf, déjà apprenti jockey à Maison-Lafitte. «Il a appelé mon père pour lui demander s’il pouvait prendre un apprenti jockey. Personne ne se doutait que c’était pour cacher un jeune homme juif», raconte Madeleine Pailhès, née Lapierre, la seule fille encore vivante des 5 enfants de Dominique Lapierre. Il ne dévoile à personne, même à sa famille, que son protégé était juif. «Ma grand-mère est morte en 1988 sans le savoir. À l’époque, on ne se posait pas la question : c’était lui qui avait décidé, donc c’était forcément bien», témoigne Marie Pailhès, sa petite-fille. Fin 1944, Dominique Lapierre décède. C’est lorsque Madeleine Pailhès et Henri Knopf, de retour à Soues en 1995, se retrouvent que ce dernier lui révèle l’incroyable secret. «Ils ne s’étaient pas revus depuis fin 1944, ce fut une grande émotion», poursuit Marie. Ainsi, il y a trois ans, Marie décide d’entamer «pour sa mère, pour ses oncles et tantes et pour toute la famille» les démarches pour que son grand-père obtienne «la plus haute distinction civile de l’État d’Israël» à titre posthume. «Il n’y a aucun orgueil là-dedans. C’est pour montrer au monde entier qu’il y a des personnes qui peuvent sauver des vies, au péril de la leur, dans la simplicité. C’est un devoir de reconnaissance et c’est aussi beaucoup d’émotion et de fierté pour la famille». Henri Knopf, dont les frères aînés ont survécu miraculeusement à l’enfer d’Auschwitz, a rendu un hommage vibrant à son sauveur. «Je le voyais charger dans le coffre de sa voiture de la nourriture pour ravitailler les maquisards à l’insu de sa famille.» Henri Knopf, ancien résistant américano-français, dit avoir «eu la chance d’avoir deux pères : le premier m’a donné la vie, le deuxième m’a appris à l’apprécier, à travailler et à garder la tête haute. Je veux être dans le même cimetière (Ndlr : celui de Soues) où repose cet homme d’exception». «Soues, en hébreu, veut dire cheval», a souligné Albert Seifer, délégué régional du comité français pour Yad Vashem (voir ci-contre), incroyable coïncidence sémantique qui a réuni deux destins et a sauvé une vie.

Cyrille Marqué